Isaïe 1, 1-18

Le mystère de l’année liturgique : l’Avent

Dom Odon Cassel

Le Mystère du culte dans le Christianisme, p. 113s

 

                A chaque retour du premier dimanche de l’Avent commence une nouvelle année ecclésiastique. Le cycle liturgique repart. Ne faut-il y voir qu’une institution pédagogique ? Un ancien proverbe dit bien que la répétition est la mère de toute science. Serait-ce donc parce que nous n’avons pas assez profité de l’année écoulée, que l’Eglise s’empresse de recommencer ainsi au même point de départ ? Evidemment, l’Eglise, qui est une éducatrice accomplie, ne néglige pas ce motif pédagogique. Tant que Dieu nous laisse en cette vie, nous devons recommencer toujours la même chose, afin de comprendre de mieux en mieux, de puiser sans cesse à l’inépuisable fontaine de l’année liturgique. Il faut que nous nous en assimilions le contenu. S’il nous est arrivé de perdre quelque chose durant l’année écoulée, alors nous devons nous efforcer de le regagner, de combler les lacunes. Si, au contraire, nous avons été fidèles à vivre tout ce que le cycle nous a présenté, alors il nous faut maintenant approfondir davantage cette vie acquise, la faire nôtre de plus en plus. Comme la route qui serpente autour de la montagne et gravit ainsi lentement, lacet par lacet, le sommet escarpé, ainsi nous devons, nous aussi, en retour de chaque année, recommencer le même chemin, mais chaque fois à une altitude plus élevée, jusqu’à ce que nous parvenions finalement à notre but, le Christ.

                   Mais ces raisons pédagogiques ne sauraient épuiser le sens profond du retour constant du cycle liturgique. Car, au fond, ce ne sont pas les hommes, des hommes superficiels, qui en sont à proprement parlé les acteurs ; ils ne font qu’entrer dans un mouvement supérieur qui les entraîne. Le vrai guide et chef de file de l’année ecclésiale, c’est le Christ mystique, c’est le Christ glorieux lui-même avec son Epouse. Par sa nature même, l’Eglise habite déjà le ciel, où saint Jean l’a vu quand il écrit : Je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la Cité sainte,,,   la Jérusalem, vêtue comme une jeune épousée parée pour son époux. Et saint Paul l’appelle : La Jérusalem d’en haut, la femme libre qui est notre mère. C’est pourquoi les Pères se plaisent à parler de l’Eglise céleste. Et vraiment, comment l’Epouse ne serait-elle pas là où est l’Epoux ? Ressuscité avec le Christ, elle vit avec lui et est avec lui assise à la droite du Père. Et il nous a rendus vivants avec le Christ ; il nous a ressuscité ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les cieux en Jésus-Christ (Ephésiens 2,5s).