Ephésiens 5,21–6,4 ou 1 Jean 3,1-2+21-24

La famille de Nazareth

Adrienne von Speyr

La servante du Seigneur, p. 99s

 

           Marie, qui ne connaît pas le péché originel, et Joseph, qui en est délié, entourent la croissance du Fils. Par l’un et l’autre, Jésus apprend ce que peut être la réponse à sa grâce. C’est une expérience toute lente, progressive, qui ne saute aucun degré. D’abord, il apprend à connaître ces êtres chers qui ne savent rien du péché. Ensuite, on lui enseigne à aimer à son tour, on l’initie aux petits services quotidiens qui peuvent être peu à peu exigés de l’Enfant, aux travaux auxquels il peut aider, aux joies qu’il peut ménager à ses parents. Ce n’est qu’en dehors de sa maison qu’il entrera en contact avec le péché. Celui-ci ne pénètre pas chez lui : sa maison est un foyer de recueillement en Dieu, un foyer de vie chrétienne à la garde de Dieu. Bien que la Mère soit comme le Fils avisée de sa mission future, qui, à mesure que l’Enfant grandit, se présente plus concrètement à son esprit, tous trois vivent pourtant une vie paisible en Dieu.

            A l’extérieur, hors de la maison, il fait connaissance avec le mal, et ce n’est pas seulement le péché dans sa réalité immédiate qui pénètre dans sa vie, quand il le constate chez les autres et que lui-même peut-être subit une injustice, mais aussi ses conséquences, ses effets dans l’atmosphère qu’il produit. Joseph fait un travail dur, il est peut-être exploité, lésé par les autres ; Marie aussi se heurte à la dureté et à la cruauté de la vie quotidienne. La dure expérience commence maintenant à lui faire comprendre qu’un individu, même innocent, peut porter la faute commune, mais qu’une telle participation ne prend son sens et sa valeur que dans sa mission rédemptrice qui est là pour porter tous les péchés.

            Il prend possession de son humanité en se soumettant aux lenteurs de la durée. Il a assujetti son corps aux lois de la croissance, il apprend par conséquent aussi à connaître, les uns après les autres, tous les états intérieurs de la vie humaine. Il n’est pas précoce, il ne saute aucun degré. Il n’est pas pressé. Il se contente de ce qui est offert aux hommes. Il aurait bien la possibilité de s’affranchir de ce laborieux développement de l’homme, de se reposer au ciel, en extase auprès de son divin Père. Mais ce n’est pas pour cela qu’il s’est fait homme. Il reste un homme sur la terre, s’acquittant des tâches que requiert son insertion dans le monde. Et Marie ne l’abandonne pas simplement au Père, attendant qu’il prenne soin du Fils, mais elle fait, au contraire, ce qu’elle peut pour le conduire comme homme, à la manière des hommes, à son Père divin. C’est pourquoi le Fils trouve sa consolation et son repos auprès de sa Mère qui accomplit pour lui si parfaitement sa mission dans ce monde, qu’il découvre en elle l’image très pure du Père.