Galates 3,1-15 ou Romains 5,12-21

La Vierge Marie

Saint Bernard

A la louange de la Vierge Marie, SC 390, Deuxième homélie, 2 et 4, p. 133s

 

                Pour que celle qui devait concevoir et enfanter le Saint des saints soit sainte de corps, elle reçut le don de la virginité ; et pour qu’elle soit également sainte d’esprit, elle reçut le don de l’humilité. Ainsi la Vierge royale, parée des joyaux de ces vertus, éblouissante de la double splendeur du corps et de l’esprit, remarquée aux cieux pour sa grâce et sa beauté, attire sur elle les regards des citoyens du ciel, au point d’incliner le cœur du roi lui-même à la désirer, et de faire venir de là-haut jusqu’à elle un céleste messager. C’est ce que nous raconte l’évangéliste, quand il atteste que l’Ange fût dépêché par Dieu à la Vierge. Il dit : Par Dieu à la Vierge ; cela signifie : par le Très-Haut à la toute humble, par le Seigneur à la servante, par le créateur à la créature. Quelle prévenance de la part de Dieu ! Quelle éminente dignité chez la Vierge !

                L’ange Gabriel fut envoyé à la Vierge, nous dit l’évangéliste : vierge de corps, vierge d’esprit, vierge par vœu. Une vierge enfin telle que l’apôtre la récrit : Sainte d’esprit et de corps. Elle n’a pas été découverte tout à coup, ni par hasard, mais choisie de toute éternité, connue par avance du Très-Haut et préparée pour lui, gardée par les anges, désignée par les patriarches, promise par les prophètes. Scrute les Ecritures, et constate ce que je dis. Veux-tu que, moi aussi, j’apporte ici quelques-uns de leurs témoignages ? Pour n’en prendre que quelques-uns, dans un grand nombre, quand Dieu dit au serpent : J’établirai une inimitié entre toi et la femme, qui d’autre te semble-t-il avoir prédit ? Et si tu hésites encore, pensant que ce n’est pas de Marie qu’il a parlé, écoute la suite : Elle t’écrasera la tête. A qui cette victoire fut-elle réservée, sinon à Marie ? Aucun doute, c’est elle qui a écrasé la tête venimeuse, elle qui a réduit à néant les suggestions de toutes sortes venant du Mauvais, tant celles des attraits de la chair que celles de l’orgueil de l’esprit.

                Ô Vierge admirable, infiniment digne de tout honneur ! Ô la femme qu’il faut révérer singulièrement, admirer plus que toutes les femmes : elle a réparé le mal de ses premiers parents et a donné la vie à leurs descendants.