Jean 1, 6-8+19-28

Jean, le Précurseur

Père Paul Marie de la Croix

 L’évangile de Jean et son témoignage spirituel, p. 16s

 

                Jean Baptiste, un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète. C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour préparer la route devant toi.

                L’homme dont la divine sagesse parlait ainsi, et dans lequel nous avons trop tendance à ne voir que le terrible ascète à la parole vengeresse, Jean l’évangéliste l’a approché. Il l’a connu, et n’a pas tardé à discerner les admirables richesses qui se cachaient sous cette rugueuse écorce. Nouvel Elie, avait dit Jésus. Etait-ce seulement pour marquer le rôle de précurseur ? N’était-ce pas aussi pour indiquer son tempérament de feu, sa force indomptable au service du Dieu vivant, et encore parce que, à l’exemple de son modèle, Jean Baptiste alliait à la force une douceur et une tendresse que l’évangile nous a révélées, et que Jean, l’évangéliste, en l’approchant, a perçues mieux que personne.

                Jean Baptiste aura en effet des accents d’une délicatesse encore inconnue pour saluer le Christ. Il laissera entrevoir l’amour de son âme ardente pour le Messie, lorsqu’il répondra avec un souverain désintéressement à ceux qui viennent le trouver : Je ne suis pas le Christ, moi, mais je suis envoyé devant lui.

                Elie, au Sinaï, avait perçu la présence de Dieu dans le bruit silencieux de la brise légère, du silence ténu. Au Jourdain, Jean Baptiste verra l’Esprit, tel une colombe, descendre du ciel et demeurer sur Jésus.

                Si l’on complète le récit du baptême de Jésus que Jean, l’apôtre, nous a transmis par ceux rapportés en saint Matthieu et saint Luc, on peut y voir la première manifestation de la Trinité : le Fils reçoit le baptême des mains du Précurseur, la voix du Père se fait entendre des cieux, l’Esprit, enfin, sous la forme d’une colombe descend et demeure sur le Christ.

                Or, qui a été gratifié de cette vision, et en a, le premier, saisi le sens sinon Jean Baptiste, maître de l’apôtre Jean ?