Luc 2, 16-21

« On lui donna le nom de Jésus »

Père Renaud Silly

Dictionnaire Jésus, p. 521s

 

           Le nom n’est pas une réalité secondaire, qu’il soit attribué à une personne ou à un dieu, il renvoie à l’identité profonde de l’être nommé, et, dans une certaine mesure, lui donne d’exister. Il est quelque chose de la réalité qu’il nomme, la rendant présente par le souvenir ou l’évocation, et exerçant une certaine puissance sur elle. Le nom de Jésus, parce qu’il est le Nom qui est au-dessus de tout nom, tout en révélant qui est Jésus, son être et sa mission, rend présent celui qu’il signifie, et son invocation est puissante et efficace.

          Le nom de Jésus, forme latine de Ièsous en grec, lui-même translittération de l’hébreu Jeshua, Joshua, ou Jehoshua, signifie Dieu sauve. Ce nom exprime donc à la fois l’identité de Jésus et sa mission.

          Le nom de Jésus manifeste sa mission. Il est Dieu, mais Dieu incarné, présent, Emmanuel, Dieu avec nous. Il a été envoyé dans le monde pour sauver les hommes. Avec Jésus, Dieu sauve, Dieu s’incarne pour sauver. La notion cruciale du salut ne recouvre pas les mêmes sens dans les traditions juives et chrétiennes. Selon le Talmud, tout Israël est déjà sauvé, ce salut étant inclus dans l’Alliance. La Mishna insiste sur le salut collectif de la totalité du peuple, tandis que la tradition chrétienne met l’accent sur la nécessité d’un salut individuel. L’idée que le Messie apportera le pardon des péchés est originale, car le peuple attend effectivement un salut, mais le conçoit beaucoup plus par rapport à des ennemis extérieurs que par rapport à une difficulté intérieure.

          Ce que Jésus vient accomplir est l’œuvre de la rédemption par le pardon des péchés. Dans le nom de Jésus est donc révélée la miséricorde de Dieu pour les pécheurs. C’est ce que l’ange annonce à Joseph : Tu lui donneras le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. En Actes (4,12), Pierre affirme que Jésus est le seul nom qui puisse sauver. C’est donc approprier à Jésus l’identité salvifique du Dieu sauveur d’Israël à travers l’invocation du Nom.