Matthieu 2,13-18

« Ils se tiennent devant l’Agneau »

Saint Bède le Vénérable

Lectionnaire d’Ozon, Temps de la Nativité 2, p. 65s

 

         

          La mort précieuse des innocents martyrs du Christ vient de nous être racontée dans la lecture du Saint Evangile qui évoque également la mort précieuse de tous les martyrs du Christ. De tout petits enfants ont été massacrés : cela nous indique que le mérite de l’humilité conduit à la gloire du martyr et qu’à moins de se convertir et de redevenir tel un tout petit enfant, nul ne peut donner sa vie pour le Christ.

 

            Plutôt que de pleurer leur mort, réjouissons-nous des palmes qu’en toute justice ils ont reçues. Certes, Rachel en pleurs, c’est-à-dire l’Eglise qui les avait engendrés, accompagna de larmes chacun d’eux, lorsque, au milieu des tourments, ils furent chassés de cette vie. Mais, dès qu’ils furent expulsés d’ici-bas, la Jérusalem d’en-haut, notre Mère à tous, les accueillit aussitôt dans l’autre vie, envoyant au-devant eux ses ministres d’allégresse, puis les introduisit dans la joie de leur Seigneur pour y être à jamais couronnés. C’est pourquoi Jean déclare : Ils se tiennent debout devant le trône en présence de l’Agneau, vêtus de robes blanches et des palmes à la main. Ils sont maintenant debout et couronnés devant le trône de Dieu, eux qui jadis, devant les trônes des juges de la terre, gisaient brisés par les châtiments. Ils sont debout en présence de l’Agneau et plus rien, là-haut, ne peut les empêcher de contempler sa gloire, la gloire de Celui qu’ici-bas aucun supplice ne pouvait les empêcher d’aimer. Ils resplendissent en robes blanches, des palmes à la main, ayant la récompense de leurs œuvres : ils souffrirent que leurs corps, brûlés au feu pour le Seigneur, déchirés par les bêtes, détruits par les fouets, fracassés dans les précipices, écorchés par les ongles de fer, fussent mis en pièces par tous les genres de supplices, et, ces corps, ils les recouvrent glorifiés par la Résurrection.

 

            Désormais, ils se tiennent debout devant le trône de Dieu, et le servent nuit et jour dans son Temple. Aimable, désirable et non pénible service que d’être sans cesse debout, occupés à louer Dieu ; Jour et nuit n’évoque pas précisément la succession du temps, mais symbolise un écoulement ininterrompu. Il n’y aura plus là de nuit, mais un seul jour, meilleur et préférable dans les parvis du Christ. Rachel n’y pleure plus ses fils, mais Dieu essuie toute larme de leurs yeux, et, sous leurs tentes, fait retentir la parole de joie et de salut, Lui qui vit et règne avec le Père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.