Isaïe 24, 1-18a

Le jugement de Dieu

Père Jean Steinmann

Le prophète Isaïe, sa vie, son œuvre, et son temps, p. 350s

 

                Ce poème, sur le jugement divin, rejoint celui qu’écrivit Isaïe sur la Parousie de Dieu. Mais cette fois, il ne s’agit plus de la Palestine seule. L’apparition divine bouleverse et dévaste la terre qui retourna au chaos. L’auteur songe à une catastrophe semblable au Déluge, mais encore plus radicale.

 

                Il ne faut pas prendre au pied de la lettre toutes les images poétiques de ce poème. Un auteur inspiré, quand il use du style apocalyptique, se doit d’évoquer une destruction totale du monde. C’est une manière énergique d’affirmer la transcendance du salut et la haine qu’éprouve Dieu à l’égard du péché qui doit être puni. De même que le péché de l’homme a provoqué le Déluge, il provoquera ce nouveau châtiment. L’alliance éternelle à laquelle le poète fait allusion n’est pas l’alliance de Moïse, mais celle que Dieu a contracté avec toute l’humanité après la création et qui fut renouvelée après le Déluge. Dieu avait alors béni l’humanité, et cette bénédiction avait assuré la fécondité humaine. Or la terre a été profanée, dit le poète. C’est que la terre est sainte, elle fut la mère de l’humanité. On la souille et on la profane en y répandant le sang. Aussi, par vengeance, les produits de la terre souillée manqueront-ils à l’homme. Celui-ci ayant violé le contrat, fait en son nom par Noé, après le Déluge, la bénédiction divine se change en malédiction, la fécondité en maladie.

 

                Le dernier hémistiche du poème affirme la persistance de quelques rescapés, mais le mot de Reste, cher à Isaïe, n’est plus prononcé. L’auteur parle d’une épreuve. Il se souvient de celles qui ne furent pas ménagées à Juda au temps d’Isaïe. Le nouveau cataclysme les dépassera en intensité. Dieu va paraître. Tel est le message que reprendront l’auteur de Daniel et l’Apocalypse de saint Jean.