Isaïe 2,6-26 + 4,2-6

Adorer les idoles est le comble de la folie et de l’inconscience

Saint Basile

Discours sur le prophète Isaïe, 2, n° 77… 84

 

                Isaïe affirme que Dieu a rejeté son peuple, la maison d’Israël. Etre abandonné par le Seigneur, quel funeste malheur ! C’est comme si des mains puissantes tenaient un objet, et que, tout à coup, se relâchent les  doigts qui jusque-là le serraient fortement : ils le laissent tomber, ils ne le retiennent plus. De manière analogue, selon la parole prophétique, le peuple n’est plus dans la main de Dieu. Et pour quelles raisons échappe-t-on à la main de Dieu ? La suite nous l’apprend : Parce que leur pays est plein de devins, comme celui des Philistins ; leur pays est rempli des œuvres abominables de leurs mains, et ils se prosternent devant ce qu’ont fait leurs doigts. Comble de la folie : appeler Dieu ce qu’on a fait et ne pas voir l’absurdité de ce qu’on fait ainsi ! Si c’est la matière que tu admires, pourquoi ne pas adorer aussi le bronze informe ou la pierre ? Si c’est l’art, adore donc ces mains qui, elles, ont imposé sa forme à la matière, ou bien les instruments avec lesquels tu as achevé ton œuvre !

                Quel excès dans la dépravation ! L’homme qui est par nature apte à commander, parfait par son intelligence, efficace dans son action, le voilà oublieux de sa propre dignité : il s’humilie devant l’idole ! Lui qui est l’image et la gloire de Dieu, lui qui a pour tête le Christ, il va jusqu’à  s’abaisser devant une idole ! Un homme agir ainsi ! Quel désastre ! S’il était un enfant, on pourrait l’excuser du fait de son âge ; mais c’est un homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui s’humilie de cette manière : oh ! Le comble de la honte !

                Je ne leur pardonnerai pas. Suprême menace ! Ce Je ne leur pardonnerai pas ne renvoie-t-il pas au châtiment éternel ? En effet, tant que les mortels allaient chercher des présages, qu’ils multipliaient les enfants de l’adultère, qu’ils se passionnaient pour l’argent, on pouvait espérer et attendre le pardon ; mais lorsqu’ils se sont rués sur le culte des idoles, ce mal extrême, le même honneur qu’à Dieu, je ne leur pardonnerai pas, dit le Seigneur ! Pour celui qui seul est bon, agir ainsi est encore un acte de bonté : Le pardon serait pour eux une occasion de licence, dit le Seigneur, donc je ne leur pardonnerai pas. L’affliction seule les forcera au moins à se souvenir de Dieu. Dès lors, cette menace ne causera pas de dommage : ne pas pardonner est une pédagogie salutaire. Je ne te pardonne pas, dit Dieu, mais je ne t’abandonnerai pas non plus.