Luc 1, 26-38

Marie, vierge et mère

Saint Bernard

A la louange de la Vierge Marie, SC 390, p. 125s

 

          Bien des choses sont à admirer en Marie, mais ce qu’il y a de grand, sa fécondité jointe à sa virginité. Jamais, en effet, on n’a ouï dire qu’aucune femme fût à la fois vierge et mère ! Mais si tu fais attention de qui elle est la mère, et jusqu’où te mènera ton admiration pour son excellence extraordinaire ? N’est-ce pas à constater que tu ne peux assez l’admirer ? A ton jugement, ou plutôt au jugement de la Vérité, celle qui eut Dieu pour fils ne sera-t-elle pas exaltée plus haut même que tous les chœurs des anges ? Dieu, le Seigneur des anges, Marie n’ose-t-elle pas l’appeler son fils, quand elle dit : Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? Lequel des anges l’aurait osé ? Il leur suffit, et ils le tiennent pour grand, étant des esprits, de devenir et d’être appelés par grâce messagers, au témoignage de David : Il a fait des esprits ses messagers, quand il dit : Tu prends les vents pour messagers (Psaume 103,4). Marie, elle, qui sait qu’elle est sa mère, donne avec confiance ce nom de fils à cette majesté que les anges servent avec respect. Et Dieu ne dédaigne pas d’être appelé ce qu’il a daigné être.

          Un peu plus loin, en effet, l’évangéliste ajoute : Et il leur était soumis. Qui, et à qui ? Dieu à des hommes. Oui, Dieu, à qui les anges sont soumis, à qui obéissent les Principautés et les Puissances, Dieu était soumis à Marie. Et pas seulement à Marie, mais aussi à Joseph à cause de Marie. Admire ceci et cela, et choisis ce qui est le plus admirable : ou bien le très doux abaissement du fils, ou bien la suréminente dignité de la mère. Des deux côtés, c’est stupéfiant ; des deux côtés, c’est merveilleux ; que Dieu obéisse à une femme, voilà une humilité sans exemple. Qu’une femme commande à Dieu, voilà une sublimité sans égale. On chante à la gloire des vierges qu’elles suivent l’Agneau partout où il va. De quelle gloire alors jugeras-tu digne celle qui marche même devant lui ?