Marc 16, 15-18

L’ordre de mission

Père Simon Légasse

L’évangile de Marc, tome II, p. 1021s

 

          Il s’agit d’abord de partir en s’arrachant au cadre familial, local ou national, pour atteindre le monde entier, c’est-à-dire toute créature. C’est donc à tous les hommes du monde habité que Jésus prescrit de proclamer l’Evangile. Pour le prédicateur chrétien, cela consiste à prêcher Jésus, mort et ressuscité, en qui se trouve toute source de salut.

          Ce salut, offert à l’humanité, celle-ci peut le refuser. L’alternative qui suit est l’écho d’une expérience vécue : mis en contact avec le message chrétien, certains y adhèrent, d’autres lui sont indifférents ou lui opposent leur hostilité. Aux premiers, le salut est assuré par Dieu. La concision dogmatique de la phrase prive le lecteur de savoir devant quelle perspective il se trouve placé. Que ce salut soit futur, le temps du verbe le lui garantit. Mais s’agit-il du salut individuel après la mort ou de celui qui est sensé être accordé aux justes à la seconde venue du Christ, lors du dernier jugement ?

          La condition pour être sauvé est d’abord de croire. Notre auteur ne fait que reproduire la règle traditionnelle qui établit un lien de dépendance entre foi et salut. Ici s’ajoute le baptême, car il suppose une foi préalable qui est le rite indispensable d’agrégation à la communauté. A l’inverse de celui qui aura cru à l’Evangile prêché, le récalcitrant qui lui refuse son adhésion de foi sera condamné.

          Le discours de Jésus se poursuit par une promesse de signes. Les quelques emplois de ce mot dans les évangiles synoptiques ne désignent jamais des miracles accomplis par Jésus ou ses disciples ; il en va autrement dans le reste du Nouveau Testament, chez Paul, dans le quatrième évangile, mais aussi dans les Actes des Apôtres. Ici, curieusement, le don d’exécuter des miracles est promis, non aux porteurs de l’évangile, mais à ceux qui auront cru à leur prédication. A leur adhésion croyante, il s’ensuivra pour eux des pouvoirs merveilleux par quoi, on peut le supposer, ils seront confirmés dans leur foi. Une promesse est faite ici qui est, en réalité, une transposition, au bénéfice des communautés chrétiennes, de pouvoirs qui, au moins pour la plupart d’entre eux, étaient traditionnellement le privilège des apôtres et des prédicateurs. Le tout s’accomplira au nom de Jésus.