Matthieu 2, 1-12

L’Epiphanie du Seigneur

Saint Augustin

Sermon 374, OC 19, p. 367s

 

          Des Mages, venus d’une contrée lointaine, vinrent adorer un enfant.  Pourquoi vinrent-ils ? Parce qu’ils virent une étoile qu’ils n’étaient pas accoutumés à voir. Comment purent-ils savoir qu’elle était l’étoile du Christ ? S’ils ont pu voir cette étoile, a-t-elle pu de son côté leur parler et leur dire : Je suis l’étoile du Christ ? Sans nul doute, ils l’ont appris autrement par quelque révélation. Cependant la naissance de ce roi avait quelque chose d’extraordinaire, puisque des étrangers venaient l’adorer. Pourquoi ce roi doit-il être adoré par les étrangers, sans être entouré d’armée qui inspire la crainte, et n’ayant que la pauvreté de sa chair qui sert de voile à sa majesté divine ?

          Lorsqu’il fut né, il fut adoré par des bergers d’Israël à qui les anges l’annoncèrent ; mais les Mages n’étaient pas du peuple d’Israël. Ils virent cette étoile nouvelle pour eux, ils furent saisis d’admiration, et cherchèrent ce que pouvait signifier ce phénomène aussi nouveau qu’extraordinaire. Ils l’apprirent des anges eux-mêmes par quelque révélation secrète. Ces anges ont pu leur dire : l’étoile que vous avez vu, est l’étoile de Jésus Christ, allez, adorez-le dans l’endroit où il est né, et publiez en même temps la grandeur de cet enfant nouvellement né. Dociles à cet avertissement, ils vinrent et adorèrent l’Enfant, le Christ.

          Le Christ nait, une vierge le conçoit, une vierge l’enfante, une vierge le nourrit, la fécondité se trouve ici jointe à la virginité. Les anges annoncent sa naissance, les bergers la glorifient, les cieux la publient, les Mages la désirent, les rois la redoutent, les Juifs la démontrent, les païens l’adorent, les persécuteurs sont trompés dans leurs cruels desseins, les croyants sont dans l’admiration. Quelle est cette élévation dans une si grande humiliation, cette force dans la faiblesse, cette grandeur dans un petit enfant ? Il n’y a pas à en douter, l’enfant de toutes ces merveilles est le Verbe de Dieu par lequel toutes choses ont été faites. Le Verbe qui était si loin de nous s’est fait chair pour habiter parmi nous. Avec les Mages, reconnaissons dans le temps Celui par qui les temps ont été faits, et, en célébrant ces fêtes dans le temps, désirons les récompenses éternelles.