Genèse 12, 1-9

Abraham et le baptême

Saint Césaire d’Arles

Homélie 81, Pères dans la foi 22, p. 123s

 

           Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, dit le Seigneur à Abraham. Tout cela, mes frères, se trouve réalisé en nous par le sacrement du baptême : nous le croyons et nous le ressentons ainsi. Notre pays, c’est notre chair ; nous parvenons à quitter notre pays, quand nous nous détournons des habitudes charnelles pour suivre les traces du Christ. D’ailleurs, cela ne vous réjouit-il pas de le voir quitter son pays, c’est-à-dire sortir de lui-même, l’orgueilleux qui se fait humble, le coléreux qui se fait pacifique, le débauché qui se fait chaste, l’avare qui se fait généreux, l’envieux qui se fait bienveillant, le cruel qui se fait doux ? Et précisément, mes frères, celui pour qui quitter son pays est une réussite, est celui en qui une telle transformation s’opère pour l’amour de Dieu. J’ajouterai enfin que nous avons coutume de dire, entre nous, à propos de quelqu’un de mauvais qui se mettrait subitement à faire de bonnes actions : Cet homme-là est sorti de lui-même. L’expression sortir de lui-même convient tout à fait à celui qui se complaît désormais dans la vertu après s’être débarrassé de ses vices.

          Quitte ton pays, dit le Seigneur. Notre pays, c’est-à-dire notre chair qui, avant le baptême, portait la mort en elle, et qui devient terre de vie par le baptême. C’est cette même terre, que le psalmiste (Psaume 26,13) évoque, lorsqu’il dit : Je le crois, je verrai la bonté de Dieu sur la terre des vivants. Par le baptême, nous sommes donc devenus terre des vivants et non des mourants, autrement dit des vertus et non des vices, à la condition toutefois que nous ne regagnions pas le bourbier du vice, une fois baptisés, et que, devenus terre des vivants, nous ne commettions pas d’actes funestes et coupables.

          Et viens vers le pays que je t’indiquerai, dit encore le Seigneur. Il est évident que nous nous rendrons avec joie dans le pays que Dieu nous a montré, dès lors que nous aurons chassé vices et péchés, c’est-à-dire de notre chair, par notre propre effort.