Genèse 21, 1-21

La naissance d’Isaac annonce celle de Jésus

Saint Ephrem de Nisibe

Sur Abraham et Isaac

 

          Transplanté loin de sa parenté et de son environnement familier, Abraham le Juste habitait une terre étrangère. Dans un environnement hostile, il gardait les yeux fixés sur l’espérance de la promesse que Dieu lui avait faite. Sa jeunesse, comme une fleur, se fana ; la nature, selon la loi, penchait vers son déclin. Mais leur espoir en Dieu restait bien vivant ; lui ne faiblissait pas, il était indestructible.

          C’est pourquoi Abraham, contre toute espérance, engendra Isaac, qui fut une figure accomplie du Seigneur. Il n’était pas naturel, en effet, que le sein déjà mort de Sara pût concevoir Isaac et qu’elle le nourrît de son lait ; il ne l’était pas davantage que la Vierge Marie, sans connaître d’homme, conçut le Sauveur du monde, et l’enfantât sans perdre son intégrité. L’ange, devant la tente, avait dit au patriarche : L’an prochain, à pareille époque, Sara aura un fils. L’ange aussi dit à Marie : Voici que la Comblée-de-grâce va enfanter un fils. Sara avait ri en pensant à sa stérilité ; sans croire à la parole, elle s’était écriée : Comment Abraham et moi, à nos âges, pourrions-nous avoir un enfant ? Marie, en songeant à la virginité qu’elle voulait garder, dit : Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais point d’homme ?

          La promesse était, certes, contre nature. Mais celui qui, contre toute espérance, avait donné Isaac et Sara, est vraiment né lui-même, selon la chair de la Vierge Marie.

          Lorsqu’Isaac vit le jour selon la parole de Dieu, Sara et Abraham furent remplis de joie. Lorsque Jésus vint au monde selon l’annonce de Gabriel, Marie et Joseph furent dans l’allégresse. Qui aurait dit à Abraham que Sara dans sa vieillesse allaiterait un fils ? s’exclamait la stérile. Qui aurait dit au monde que de mon sein virginal je nourrirais un enfant ? s’écriait Marie. En fait, ce n’est pas à cause d’Isaac que Sara se mit à rire, mais à cause de celui qui est né de Marie ; et comme Jean Baptiste manifesta sa joie par son tressaillement dans le sein de sa mère, Sara manifesta la sienne en riant.