Genèse 28,10 – 29,14

La pierre ointe par Jacob, figure de Jésus-Christ

Saint Augustin

De la Cité de Dieu, OC XXIV, p. 349s

 

          Que Dieu te bénisse, avait dit Isaac à son fils Jacob au moment où ce dernier le quittait pour la Mésopotamie de ses ancêtres. Cette bénédiction était celle donnée par Abraham à toute sa postérité, afin que Jacob possède la terre où il habite pour l’instant comme un étranger, terre donnée jadis déjà à Abraham.

 

          Jacob, allant en Mésopotamie, reçut en songe un oracle du ciel, rapporté ainsi : Il vit une échelle appuyée sur la terre et dont le sommet touchait le ciel ; les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle, et le Seigneur, incliné sur cette échelle, lui disait : Je suis le Dieu d’Abraham, ton père, et le Dieu d’Isaac, je donnerai à toi et à ta descendance cette terre ; je ne t’abandonnerai pas que je n’aie accompli ce que je viens de te dire. Toutes les nations de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. Jacob se réveilla de son sommeil.

 

          A son réveil, Jacob, s’étant levé, prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, et la dressa pour servir de monument. Ayant répandu de l’huile sur son sommet, Jacob appela ce lieu : la maison de Dieu.

 

          Ceci est prophétique. Ce n’est pas d’après la coutume des idolâtres que Jacob répandit de l’huile sur la pierre, comme pour en faire un Dieu, car il ne l’adora point, ni ne lui offrit de sacrifice, mais comme le nom de Christ vient d’un mot grec qui signifie onction. Il y a certainement ici une figure qui se rapporte à un grand mystère. Et cette échelle nous remet en mémoire ce passage de l’évangile où le Sauveur lui-même, après avoir dit de Nathanaël : Voici un véritable Israélite en qui il n’y a point de ruse, parce qu’Israël qui est le même Jacob, avait eu cette vision, ajoute : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.