Genèse 14, 1-24

Veiller sur soi-même, persévérer, la prière et la foi au Christ

L’enseignement de saint Antoine

 

          A travers toutes les péripéties de la lutte contre les démons, saint Antoine ne manque pas de rappeler que cette lutte n’est pas une fin en soi. Elle s’impose parce que les démons s’emploient de toutes leurs forces à nous détourner du bien et de la vertu. L’essentiel, c’est la vie, la prière et l’ascèse, ce que vivait en permanence Antoine dans son ermitage, le martyre de la conscience et de la lutte de la foi.

          Dans cette ascèse, la partie corporelle, labeur, mortification, austérité a son importance comme le montre l’exemple même de saint Antoine. Mais il est remarquable que, dans son grand discours comme dans son enseignement, il n’est presque pas question d’ascèse corporelle. Les jeûnes sont mentionnés comme mettant en fuite les démons ; il est dit seulement : Se garder des plaisirs charnels, ne pas se laisser égarer par un ventre rassasié, ce qui est négatif. Il parle d’ascèse spirituelle : Nous disciplinant de la sorte, nous pourrons réduire le corps en servitude et déjouer les ruses de l’Ennemi, cette citation montre bien que saint Antoine conçoit l’ascèse monastique comme partant du dedans et s’exerçant surtout dans l’application de l’âme à l’acquisition de la vertu, au progrès spirituel et à la prière.

          Relevons l’expression Respirez toujours le Christ. Cette expression marque de façon très forte le caractère vital de cette union au Christ dans la pensée de saint Antoine et dans la théologie de saint Athanase. Il ne s’agit pas seulement de penser au Christ, de prier le Christ, mais de vivre en lui comme dans notre milieu vital, comme dans notre atmosphère. On serait tenté de dire, pour reprendre la comparaison de saint Antoine au sujet de la solitude nécessaire au moine : comme un poisson dans l’eau. Voilà le secret de la persévérance dans l’ascèse, na pas se laisser séparer tant soit peu du Christ et de son amour. Comme le dit souvent saint Athanase à propos de saint Antoine, notre combat est moins notre combat à nous que le combat du Christ en nous et par nous. A chaque page, le Christ est nommé et c’est vraiment la foi au Christ qui explique tout, cette foi vive, la piété, la dévotion envers le Christ. Cette tendresse pour le Seigneur, le jeune Antoine l’admirait par-dessus tout chez les ascètes de son village. Avant de mourir, il recommande à ses disciples de garder la foi pieuse en Notre Seigneur Jésus-Christ, celle que vous avez apprise des Ecritures et que je vous ai souvent remise en mémoire.