Genèse 31, 1-18

Interrogations de l’éducateur, de l’éducatrice

Frère Yves Poutet

La prière de l’éducateur, p. 15s

 

          L’éducateur, l’éducatrice, commence par contempler, dans sa prière personnelle, le mystère du Christ envoyé du Père auprès de nous pour nous communiquer son Esprit. Il, ou elle, prend ainsi conscience de l’amour prévenant de Dieu pour tous, jeunes et moins jeunes, à la disposition desquels l’Eglise met ses enseignements et ses sacrements.

          La prière, à visée éducatrice, doit-elle être prière de groupe, prière collective, ou bien par discrétion doit-elle rester l’expression individuelle et secrète de sentiments intimes ?

          S’il est vrai que la prière ne s’impose pas d’autorité, il est vrai aussi qu’elle est normale pour tout croyant, que des espaces de liberté doivent la rendre possible à qui veut se recueillir sous le regard de Dieu, que la présence d’incroyants ne doit pas faire blocage et censure chez les croyants désireux de prier collectivement même sur les lieux de leurs études. La liberté de ne pas croire est infiniment respectable, mais elle ne saurait entraver la liberté des croyants à exprimer publiquement leurs relations d’amour avec Dieu. Il y a là une sorte de corde raide sur laquelle les éducateurs et les éducatrices ont à faire un difficile exercice d’équilibre. N’oublions pas les éducateurs de rue… Ceux qui viennent les trouver ou ceux qu’ils rencontrent ne leur sont confiés ni par la nature, ni par une obligation scolaire quelconque. Ils ne viennent que par libre consentement, attrait instinctif ou curiosité passagère. Le dialogue est ainsi amorcé de façon plus directement accueillante. Mais combien grande est la distance entre les préoccupations matérielles, ou moralement utilitaires, et la vie surnaturelle sans laquelle il n’y a pas de prière véritable. Une fois encore, c’est sans doute en admirant le recueillement, la paix ou la douce joie de quelqu’un qui prie effectivement, que le désir de prier, à son tour, surgira du fond d’une conscience peut-être fort éloignée de Dieu depuis longtemps.