Genèse 16, 1-16

Naissance d’Ismaël

Saint Ambroise de Milan

Abraham, livre I, PDF 74, p. 54s

 

          Sara avait donné à son mari pleins pouvoirs sur sa servante, et après elle lui dit : Tu es responsable de l’injure qui m’est faite. Ce passage exprime la souffrance, la plainte des femmes. Abraham, en homme mesuré et sage, dit : Voici, ta servante est en ton pouvoir, fais d’elle ce que tu voudras. Il a préféré garder l’épouse plutôt que la servante. Mais ce ne fut pas la solution idéale : l’épouse en colère a reçu la faculté d’agir à sa guise et s’est laissée aller sans retenue à la vengeance qu’on lui permettait. Si Sara n’a pas gardée la mesure, qui la gardera ? Sara la maltraita, et la servante s’enfuit.

          L’Ecriture exprime deux choses en même temps : la vive indignation de la maîtresse et l’orgueil démesuré de la servante. Les mauvais traitements infligés par Sara s’explique par sa colère, et la fuite d’Agar par son refus de l’affront : elle n’était pas une servante soumise, puisqu’elle revendiquait la position élevée de concubine du maître. Aussi s’indigna-t-elle de l’offense, elle qui s’était montrée pleine d’arrogance.

          Ensuite, quand l’ange lui demanda où elle allait, elle répondit : Je fuis devant Sara, ma maîtresse. Voilà bien le signe d’un orgueil démesuré que de la désigner d’abord sous le nom de Sara et seulement après par sa qualité de maîtresse. Elle a voulu faire un affront en mettant en deuxième position le mot désignant son rôle. L’arrogance de la servante a déplu à l’ange : il lui dit : Retourne chez ta maîtresse. De toute façon, si c’était la violence des mauvais traitements qui l’avait forcée à fuir, l’ange l’aurait vu et il aurait blâmé davantage la cruauté de celle qui frappait que le départ de celle qui fuyait : mais il voulait montrer qu’elle fuyait comme une orgueilleuse et pour qu’elle ne se conduise plus ainsi devant sa maîtresse, il a ajouté : Sois-lui soumise. Je souhaite que personne ne tombe dans ce défaut, mais si cela arrive, qu’il apprenne la soumission à sa servante pour ne pas avoir à chasser sa femme en voulant venger sa servante.