Marc 1, 12-15

La tentation au désert

Saint Ephrem de Nisibe

Commentaire de l’évangile concordant, SC 121, p. 93s

 

          Pourquoi Satan n’a-t-il pas tenté le Christ avant trente ans ? Parce qu’un signe certain de sa divinité n’avait pas été donné du ciel ; Jésus apparaissait modeste comme ses compatriotes et le peuple ne lui rendait pas de témoignage éclatant. Satan s’abstint de le tenter jusqu’au moment du baptême.

          Lorsque la splendeur de la lumière apparut sur l’eau et la voix venue du ciel lui montrèrent que le Christ était descendu dans l’eau, non comme quelqu’un qui a besoin de pardon, mais comme celui qui comble tout dénuement, il réfléchit et se dit : Tant que je ne l’aurai pas éprouvé par le combat de la tentation, je ne pourrai pas le reconnaître.

          Or il convenait que le Messie s’opposât au désir du tentateur. Celui-ci, toutefois, ignorant la manière de le tenter, n’osait pas l’attaquer ; tant que Notre Seigneur ne se fut pas préparé et disposé lui-même au choc du combat, et qu’il n’eut pas revêtu la puissance de l’Esprit pour aller combattre, Satan ne s’approcha pas de lui pour le tenter.

          Notre Seigneur a fait leçon au tentateur. Aucune des machinations et propositions du démon ne fut pour le Vivificateur un sujet d’angoisse. Ses angoisses nous apaisent et sa Passion nous procure à tous le repos. Que pouvait-il craindre celui qui savait qu’aucun dommage ne pouvait lui être fait ? La crainte naît continuellement en nous, parce que nous savons bien que le dommage peut nous atteindre.

          Ainsi donc le Seigneur a réprimandé par sa parole l’arrogant orgueil du démon qui n’a pas pu lui résister : il manifestait de cette manière la puissance de sa vérité, et il apprenait à ceux qui adhèrent à lui qu’ils recevront tous les biens par son don.

          Les anges vinrent et ils le servaient. Si, après le baptême nous entrons en tentation, c’est pour pénétrer ensuite dans le Royaume des Cieux.