Exode 2, 1-22

L’éducation de Moïse

Père Robert Michaud

Moïse, Histoire et Théologie, p. 50s

 

          Dans son discours aux membres du Sanhédrin, Etienne parle de Moïse. Il fut, dit-il, instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, et il fut puissant en paroles et en œuvres (Actes 7,22).

          Ces mots, prononcés plus de mille ans après Moïse, sont l’écho fidèle de la tradition. Il est d’usage de les citer dans les études sur Moïse.

          La plupart des auteurs admettent également l’influence des sages égyptiens sur la pensée du jeune sémite qui allait bénéficier de la profondeur de leurs réflexions sur l’univers, sur les actions des hommes et sur leur gouvernement.

          Il suffit de penser à Nefer-Rohu, un célèbre prophète égyptien. Près de treize siècles avant Amos et Osée, il prêche la justice sociale ainsi que le respect dû à chaque individu. Les archéologues ont découvert des tablettes sur lesquelles des écoliers contemporains de Moïse (XIII° siècle avant Jésus Christ) transcrivaient les classiques de leur temps, vieux de plusieurs siècles.

          On aime à penser qu’un jour, dans une obscure école égyptienne remplis d’enfants turbulents, une idée géniale germa dans la tête d’un petit bédouin distrait. Il se voyait libérateur de ses frères de race forcés de travailler dur sous la surveillance sévère des compatriotes de son professeur.

          Cet enfant, épris d’un si grand rêve, ne se distinguait peut-être en rien des garçons de son âge. Il ne comptait peut-être même pas parmi les plus brillants du groupe. Pure conjecture, certes, mais qui introduit au cœur même de la théologie biblique la plus authentique : Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort (1 Corinthiens 1,17).

          C’est là l’impénétrable mystère de la pédagogie divine.