1 Corinthiens 2, 1-16

Le mystère de la Trinité dévoilée progressivement

Saint Grégoire de Nazianze

Discours 31, 24s, SC 250, p. 323s

 

           Deux célèbres changements dans la manière de vivre se sont produits au cours du temps : on les appelle les deux Testaments. L’un a fait passer les idoles à la Loi, l’autre de la Loi à l’Evangile. Nous avons l’annonce d’un troisième pour passer d’ici-bas aux choses d’en-haut. De tels changements ne se sont pas faits soudainement : il n’est pas facile de changer des choses que la coutume et une longue durée on fait respecter !

          Le premier changement supprima les idoles, mais permit les sacrifices ; le deuxième abolit les sacrifices, mais n’empêcha pas la circoncision. Les hommes devinrent, de païens, juifs, et, de juifs, chrétiens, amenés insensiblement à l’Evangile par ces changements partiels. L’Ancien Testament proclamait manifestement le Père, le Fils plus obscurément ; le Nouveau a manifesté le Fils, a fait entrevoir la divinité de l’Esprit.

          Maintenant, l’Esprit a droit de cité parmi nous et nous accorde une vision plus claire de lui-même. En effet, il n’était pas prudent, quand on ne confessait pas encore la divinité du Père, de proclamer ouvertement le Fils, et, quand la divinité du Fils n’était pas encore admise, d’ajouter l’Esprit-Saint comme fardeau supplémentaire, pour employer une expression un peu hardie. Sinon, accablés pour ainsi dire par une nourriture trop lourde, et dirigeant vers la lumière du soleil des yeux encore trop faibles, les hommes auraient risqués de perdre toutes leurs possibilités ; au contraire, par des développements successifs, par des avancées et des progressions de gloire en gloire, la lumière de la Trinité éclatera en plus brillantes clartés.

          L’un des enseignements du Sauveur était, je crois, la divinité même de l’Esprit, mieux comprise plus tard, à un moment où la connaissance en était désormais opportune et possible à mieux comprendre, après le retour du Christ dans sa gloire. Lui-même aurait-il pu promettre, ou l’Esprit aurait-il pu enseigner quoi que ce soit de plus grand ? Si vraiment il est une chose que l’on doive tenir pour grande et digne de la magnificence de Dieu, c’est cette promesse ou cet enseignement.