2 Corinthiens 4, 5-18

Des tribulations à l’action de grâces

Père Eugène Walter

La foi qui pénètre et transforme tout, AS 41, p. 34s

 

          Le texte de saint Paul que nous venons d’entendre comporte une citation du livre des psaumes : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Il ne s’agit pas d’une simple allusion ou d’une association verbale. D’après la version des Septante, citée par Paul, deux mots essentiels ouvrent le psaume 115 : J’ai cru, j’ai parlé. Or on cite souvent le début d’un psaume pour exprimer son idée d’ensemble.

          Le psaume 115 est un cantique d’action de grâces, composé en vue d’un sacrifice offert au Temple après la délivrance d’une grande épreuve. Il correspond parfaitement au sentiment qui anime ici Paul, et le pousse à parler en présence de toute la communauté. Mais la sentence qui se trouve au début, l’homme n’est que mensonge, n’évoque-t-elle pas ce que Paul a éprouvé tant de fois et en particulier de la part de cette communauté de Corinthe ? Cependant, loin de s’y arrêter, il veut amener tous ses correspondants à glorifier Dieu.

          Que faut-il entendre par l’expression : forts de ce même esprit de foi ? En quel sens Paul se place-t-il à côté du psalmiste ? Il est difficile de ne pas dépasser ou minimiser sa pensée. Sans doute considère-t-il le psaume comme inspiré par le même Esprit qui est donné à lui-même et à tous en Christ ; d’autre part, la foi dont il parle est aussi bien celle d’Abraham que celle des chrétiens devenus enfants d’Abraham en vertu de leur foi. Si l’on y réfléchit, l’emploi absolu j’ai cru devient très expressif. Toute la densité de la foi d’Abraham et d’Isaïe est ici contenue : s’établir fermement en Dieu par-delà toute sécurité terrestre et tangible, en dépit même de toute apparence.

          Pour un chrétien, l’œuvre de Dieu en Jésus montre à quel point on peut avoir confiance en Dieu : il a ressuscité Jésus d’entre les morts et nous a donné ainsi la même assurance. Lorsque Paul ajoute : il nous placera avec vous près de lui, il veut communiquer aux Corinthiens sa propre expérience, qui l’a fait penser d’abord à la mort, puis à la résurrection, et leur fait partager la même espérance.

          Le regard de l’apôtre semble dépasser la communauté de Corinthe et s’étendre à tous ceux qu’il a gagnés au Christ par son ministère et par ses souffrances, à tous ceux qu’il espère gagner et qui, en ce jour-là, se tiendront avec lui devant le Seigneur : Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés (Isaïe 8,18).