2 Corinthiens 11, 7-29

L’écoute

Didier Dastarac

Prier 15 jours avec Jeanne d’Arc, p. 43s

 

          Du récit de Jeanne face à ses juges, que retenir de l’effet produit sur elle ? Tout d’abord, une grande simplicité dans ses réponses. Cette simplicité se retrouve dans ses réponses au tribunal. Son comportement est fondé sur une vive conscience de sa faiblesse face à la mission à remplir comme face aux accusations dont elle est l’objet. Progressivement, l’écoute de la voix rend Jeanne disponible  jusqu’à une mission humainement hors de portée.

          Que nous apporte aujourd’hui le témoignage d’écoute de Jeanne d’Arc ? A travers la diversité des cultures, des conditions de vie, ce témoignage peut être reçu comme un soutien. La question, pour nous, n’est pas tant de scruter la véritable nature des voix que de repérer l’accompagnement et l’intériorisation qu’elle suscite chez une adolescente d’un XV° siècle français épuisé par une guerre interminable.

          Ce témoignage pose la question de l’écoute de l’appel de Dieu à chacun de nous. Un appel qui s’inscrit dans une histoire, pas seulement celle du Peuple de Dieu, mais notre histoire personnelle. Nous avons encore liberté – intérieure – de  créer les conditions d’écouter cet appel, quel que soit notre degré de liberté extérieure. Si cette dernière est grande, est-il plus facile de se mettre en état d’écouter l’appel que Dieu nous adresse, et par quelle médiation ? Par quel événement ? Tant d’entre nous s’interroge sur le sens de leur vie, et l’appel de Dieu n’y trouve pourtant pas sa place. Doit-on, au reste, s’interroger soi-même, ou plutôt se laisser interroger ? S’il nous parvient, quoi faire de cet appel ? Pour quelle mission ? Au fond, en écoutant sa voix, Jeanne a écarté, comme devant ses juges, toute extériorité, tout geste ou signe spectaculaire, pour se concentrer totalement sur l’écoute de Dieu au sein de sa propre condition, en une sorte de voyage à l’intérieur d’elle-même : première et indispensable étape pour aborder la suite. Cette entière capacité d’écoute, aurions-nous réellement envie de la demander dans la prière ?

          Au jeune Samuel, placé au service d’Elie dont les yeux faiblissent, ce dernier réalise au troisième appel qu’entend l’enfant que c’est Dieu qui en est l’auteur. Elie dit à Samuel : Retourne te coucher. Et s’il t’appelle, tu lui diras : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.