Philippiens 1, 1-11

« … jusqu’au Jour du Seigneur »

Dom Claude-Jean Nesmy

Bible Chrétienne, Tome IX*, p. 140s

 

           L’annonce de la Bonne Nouvelle ne fut pas un simple feu de paille : elle est au contraire enracinée profondément dans le cœur et la pratique, en particulier, de l’Eglise de Philippes. La trajectoire de cette annonce, mise en évidence dès l’origine, permet de déployer la perspective ultime de la vie chrétienne, le Jour du Seigneur, et de faire tendre la communauté vers le plein accomplissement du salut reçu et vécu. Ce qui a été semé chez les Philippiens porte déjà un fruit qui s’épanouira parfaitement lors du Jour du Christ Jésus. C’est le sens de l’espérance chrétienne : donner sa véritable valeur à ce que nous vivons maintenant, dans la fidélité à l’évangile, tout en l’ouvrant sur un avenir. Paul discerne, dans la conduite des Philippiens, le commencement de la réalisation de l’œuvre même de Dieu dont parle Jésus. Cette bonne œuvre, les croyants doivent encore continuer à la réaliser avec la même espérance.

          Paul oriente surtout l’action de grâces vers la reconnaissance de Celui qui œuvre. La fidélité de la communauté ne se fonde donc pas sur ses propres capacités, ni même sur l’apostolat de Paul, mais exprime avant tout la propre fidélité de l’amour de Dieu. Ce qui est, en revanche, du ressort des croyants, c’est alors de mettre leur confiance, non en eux-mêmes, mais dans Celui qui ne cesse d’agir avec tant de puissance au cœur de l’Eglise.

          Polycarpe de Smyrne, écrivant à ces mêmes Philippiens quelques décennies plus tard, le leur rappellera à nouveau : « Je me réjouis de ce que la racine vigoureuse de votre foi, dont on parle depuis les temps anciens, subsiste jusqu’à maintenant et porte des fruits en notre Seigneur Jésus-Christ, qui a accepté pour nos péchés d’aller au-devant de la mort :  Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de l’enfer ; sans le voir, vous croyez en lui avec une joie ineffable et glorieuse à laquelle beaucoup désirent parvenir, et vous savez que c’est par grâce que vous êtes sauvés, non par vos œuvres, mais par le bon vouloir de Dieu par Jésus-Christ. »