Néhémie 3,33 – 4,17

La reconstruction des murailles

Père Gaston Brillet

365 méditations sur la Bible, Tome I : les Récits, p. 160s

 

           Néhémie est une des hommes les plus sympathiques des récits de la Bible : une belle intelligence, claire, pratique, réfléchie, une fine sensibilité ; de la prudence, de la décision, une énergie infrangible ; un don de rayonnement et de commandement qui en fait un chef.

          Son amour de la patrie est ardent, il parle avec tendresse de la terre où sont les tombeaux de ses pères, et, naturellement, il est ému des souffrances de ses frères tout proches, lui que sa position à la cour du roi met à l’abri du besoin. Tout cela est pénétré de la foi d’Israël. Ses confidences éclatent subitement en prière, il sent la main bienveillante de Dieu sur lui dans ses entreprises. Sa mission lui est venue de cet amour de la patrie, de ses frères et de cette foi.

          Le roi, ayant remarqué sa tristesse et en ayant appris la cause, lui donne autorisation pour aller rebâtir les murs de Jérusalem. Il arrive, il examine ; sa promenade autour de l’enceinte parmi les décombres est un récit pittoresque et un document archéologique, mais surtout un témoignage psychologique spirituel.

          Et puis, il a une particulièrement bonne méthode : il donne l’exemple en tout, et d’abord dans le désintéressement et la générosité.

          On se met à l’œuvre. Il faut l’entendre exciter l’enthousiasme, il faut le voir distribuer le travail.

          Mais les ennemis ne considèrent pas d’un œil tranquille l’entreprise et ses progrès. Ils emploient tous les moyens : moquerie, intimidation, ruse. Il est trop intelligent et fier pour s’en troubler. Ses réponses sont superbes. Ils essayent de la force, Néhémie arme ses travailleurs. Ils manient l’outil, l’arme est à leur portée.

          Cela est resté le symbole d’une salutaire réponse : qu’il s’agisse de la construction d’une cité terrestre ou d’une cité spirituelle, de la construction d’une œuvre, ou pour l’éducation personnelle, de la construction de soi : on construit et on combat.

          Il n’y a pas de peuple, en ce moment, qui puisse construire en paix son pays, pas d’hommes de bonne volonté qui puissent construire en paix leur œuvre, il n’y eût jamais d’individu qui pût construire en paix son pays.