Romains 8, 28-39

Le cœur de Jésus

Père Pierre Mourlon-Beernaert

Cœur-Langue-Mains dans la Bible, CE 46, p. 39s

 

          Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur. Cette expression renvoie aux Béatitudes, portrait du vrai disciple de Jésus : Heureux les cœurs purs.

            Jésus nous est présenté comme doux et humble de cœur ; cela nous est redit et visualisé dans le récit des Rameaux : nous sommes loin du cortège à grand spectacle et du triomphe que les Romains de ce temps aimaient offrir à leurs généraux  vainqueurs. Matthieu souligne comment Jésus est entré à Jérusalem, humble, monté sur un âne, un ânon tout jeune, ce qui renvoie clairement à un oracle du Second Zacharie (9, 9-10) sur le Messie humble et pacifique

            Si les quatre Evangiles soulignent la scène, en référence explicite (Matthieu 21,5) et Jean 12,15) ou allusive (Marc 11,2 et Luc 19,30) à l’oracle de Zacharie. Matthieu seul met en évidence la paix du cœur de Jésus. Etre doux : il ne s’agit pas en effet de n’importe quelle douceur, ni de la résignation des humiliés : on s’approche davantage du vrai sens en parlant d’humilité et de paix, de sérénité et de discrétion. Il s’agit d’une attitude positive d’accueil à l’égard de Dieu comme à l’égard de tout homme. Peut-être la meilleure traduction est-elle : Celui qui a un cœur paisible, ce qui suggère l’absence d’agitation et décrit bien la personne qui fait rayonner la paix de son cœur.

            Il s’agit d’une attitude extérieure, visible, mais la source s’en trouve dans le cœur précisément. Effectivement le cœur de Jésus était ainsi. Il est fréquemment dit de Jésus qu’il était pris de pitié, littéralement ému aux entrailles, en face des malades de tout genre, en face de la foule sans berger ou en présence de telle misère précise. Douze fois le verbe renvient dans les Synoptiques, dix fois avec Jésus comme sujet, et deux autres fois dans la parabole de l’enfant prodigue et celle du débiteur impitoyable.

            Jésus avait un cœur plein de tendresse qui s’exprimait dans un regard attentif, dans une manière à lui de regarder largement tout autour. C’est Marc qui a le mieux gardé le souvenir de ces regards pénétrants de Jésus.

            Jésus rappelle avec force le plus grand commandement : aimer le Seigneur notre Dieu, qui est l’unique Seigneur, de tout son cœur et d’aimer son prochain comme soi-même. L’insistance sur le cœur est nette : c’est d’un seul et même amour que nous avons à aimer Dieu et nos frères : on peut dire que Jésus vivait cela avec une force sans pareille.