Galates 4,8 – 5,1

La liberté obtenue en Christ

Père Jean-Pierre Lémonon

Pour lire la lettre aux Galates, p. 82s

 

          Aux yeux de Paul, les fils d’Abraham sont des symboles de la situation présente. L’apôtre s’adresse aux Galates comme aux enfants de la promesse, dans la lignée d’Isaac. Si des adversaires de l’évangile de liberté les tourmentent, les Galates ne doivent pas s’en étonner, car cela s’est déjà produit dans l’histoire d’Israël. Ainsi Paul rattache le point de départ des tourments que subissent les Galates de la part des adversaires de la liberté, au livre de le Genèse (21,9). Il propose ce texte à la lumière de la tradition juive. En effet, là où le livre de la Genèse ne voit qu’un rire, un amusement du fils de Hagar, la tradition juive transforme ce rire en une persécution exercée par le fils de la servante à l’encontre d’Isaac. Paul reprend alors à son compte la demande que Sara adressait à Abraham : Chasse la servante et son fils. Paul fait appel à cette demande comme à une prescription de la Loi concernant la situation présente : ce n’est plus Sara qui demande à Abraham, mais l’Ecriture qui exprime une exigence. Paul donne une forme généralisante à Genèse 21,10, Celui qui était né selon la chair persécutait alors celui qui était né selon l’Esprit, ainsi en est-il encore maintenant. Paul presse les Galates de chasser les agitateurs : en agissant ainsi, ils ne feront que se conformer à l’Ecriture.

          Dans les derniers versets, Paul tire une conclusion en vertu de toute la démonstration qu’il a effectuée : C’est pourquoi. Il n’y a aucun doute, non seulement les Galates, mais tous les chrétiens, nous donc, sont enfants de la femme libre : la Jérusalem d’en haut est bien leur mère. Cela est possible, car le Christ a libéré les chrétiens pour qu’ils demeurent libres, or la tentation est grande de tomber à nouveau sous le joug de l’esclavage. Aussi les Galates doivent-ils tenir ferme et ne pas retomber sous ce joug. Espérant avoir convaincu les Galates de demeurer fidèles à l’Evangile de liberté, Paul peut, dans la péricope suivante, expliciter les conséquences qu’aurait la volonté d’être justifié par la circoncision.

          Pour la liberté, Christ nous libéra : cette construction est un hébraïsme ; elle souligne la force, l’intensité de la libération obtenue. Le Verbe emploie un temps qui signifie la ponctualité, renvoie à l’œuvre du Christ, en particulier à sa mort qui joue un si grand rôle dans l’épître. La liberté a été obtenue en Christ.