Esdras 6, 1-5 + 14-22

Le second Temple

Père J. G. Gourbillon

Le Temple nouveau, Cahiers Bibliques Evangile n° 34, 1959, p. 12s

 

           Le livre d’Esdras nous fait connaître la minute d’un ordre royal retrouvé, nous dit-il, dans les archives des rois perses, et qui nous donne plus de détails sur le nouveau temple : Sa hauteur sera de soixante coudées (30 mètres) et sa largeur d’autant, etc…

            Ce document nous fait savoir encore que le prince perse s’engageait à couvrir les frais de l’entreprise et ordonnait que fussent rendues aux exilés toutes les richesses saisies dans le Temple par Nabucodonosor.

            Ne soyons pas trop émus en voyant Cyrus se livrer en quelque sorte à des confessions de foi juive : des textes profanes nous montrent ce prince restaurant en Chaldée le culte du pays, bouleversé par les derniers souverains de Babylone. Il s’écrit alors : Que tous les dieux que j’ai introduit dans leur ville recommandent quotidiennement à Bel et à Nébo la longueur de mes jours, et intercèdent favorablement pour moi.

            Peut-être cependant les Perses avaient-ils conscience d’une affinité entre leur conception plus épurée de la divinité et celle des fidèles de Yahvé, désigné dans le décret de Cyrus, et dans les passages araméens des livres d’Esdras et de Néhémie comme le Dieu du ciel.

            Quoiqu’il en soit, les Juifs libérés par le roi se mettent en route, chargés de présents, nous dit le livre d’Esdras. Les prêtres forment l’élément dominant dans la colonne des rapatriés. Le nouvel exode, annoncé par l’auteur des oracles de la seconde partie du livre d’Isaïe, s’accomplit. Sera-t-il aussi merveilleux que l’annonçait le prophète ? L’Israël nouveau qui s’établit autour de Jérusalem sera-t-il bien celui qu’avaient entrevu Jérémie et Ezéchiel : le peuple de la Nouvelle Alliance ?

            En fait, longtemps encore les Juifs vont encourir de sévères reproches de la part de leurs prophètes, et les difficultés ne vont pas manquer aux anciens exilés.

            Le livre d’Esdras, après la mention de l’édit de Cyrus, et des conséquences qu’il entraîna nous raconte ainsi les événements. Le culte aurait repris aussitôt, et, dans ce but, on aurait rebâti l’autel des holocaustes. Les rapatriés se préparèrent aussi à reconstruire le Temple : ils réunirent les matériaux, ils posèrent les fondations. Cette première phase de travaux fut marquée par une grande fête : l’auteur du livre d’Esdras se fait un devoir de nous le décrire à grand renfort de lévites-chantres et de musique. Le peuple, nous dit le livre, poussait d’immenses clameurs de joie, mais ceux qui avaient vu l’ancien Temple ne pouvaient s’empêcher de pleurer.