Galates 2,11 – 3,14

« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi »

Saint Augustin

Explication de l’épître aux Galates, OC 11, p. 73s

 

          Saint Paul n’avait pas besoin qu’on lui imposât la Loi, lui qui pouvait dire : Avec le Christ, je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Qui oserait imposer la Loi à Jésus-Christ qui vit dans la personne de Paul ? Qui aurait la témérité d’avancer que la vie de Jésus-Christ n’est pas sainte, et que la Loi est nécessaire pour la soumettre  à la justice ? De sa vie présente dans la chair, Paul ne pouvait pas dire que Jésus-Christ vit encore d’une vie mortelle, tandis que la chair est encore soumise à la mort, il ajoute donc : Ma vie présente,  je la vis dans la foi au Fils de Dieu. C’est ainsi que Jésus-Christ vit dans l’âme du fidèle et habite par la foi dans l’homme intérieur, afin de le combler un jour par la délectation de la claire vision lorsque tout ce qui est mortel sera absorbé par la vie. Pour preuve que Dieu vit en lui, et que pendant cette vie mortelle il vit dans la foi au Fils de Dieu, non par la vertu de ses mérites, mais par un don de la grâce de Dieu, il poursuit : Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. Pourquoi Jésus s’est-il livré, si ce n’est pour des pécheurs qu’il voulait justifier ? Si Jésus-Christ s’est livré pour de tels hommes, c’est une preuve qu’ils étaient pécheurs. Qu’ils n’attribuent pas à leurs propres mérites la justification dont ils n’auraient pas eu besoin s’ils avaient été justes ! Car, dit le Seigneur : Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs, afin qu’ils cessent d’être pécheurs.

          Si donc Jésus-Christ m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi et pour tous, Je ne rends pas inutile la grâce de Dieu, en soutenant que la justice vient de la Loi. Car si la justice vient de la Loi, c’est donc en vain que Jésus-Christ est mort, c’est-à-dire que sa mort est sans raison, puisque la Loi, c’est-à-dire les œuvres de la Loi, pourraient être la cause de la justification dans les hommes. Or, ceux-là mêmes que saint Paul combattait, n’osaient soutenir que Jésus-Christ fût mort inutilement, parce qu’ils voulaient passer pour chrétiens. Ils tombaient donc dans une grossière erreur en cherchant à persuader que les chrétiens pouvaient être justifiés par les œuvres de la Foi.