Galates 3,15 – 4,7

La fondation de l’abbaye de Fulda

Gérard Kurth

Saint Boniface, Biographie, p. 115s

 

          La construction de l’abbaye de Fulda, voulue par saint Boniface, donna une base solide à son œuvre d’évangélisation. Il s’en rendait bien compte : de là la prédilection qu’il eut dès l’origine pour cet établissement où il passa ses meilleurs jours et où il voulut son tombeau.

          Avec quelle tendresse contenue saint Boniface parle de cette maison bien-aimée au pape Zacharie : « Il y a, dans le désert d’une vaste solitude, un endroit, situé au milieu des nations que j’ai évangélisé, où j’ai bâti un monastère et réunit des moines qui vivent sous la Règle de saint Benoît. Ce sont des religieux observant qui s’abstiennent de viande, de vin, de boisson fermentée, qui n’ont pas de serfs, et à qui suffit le travail de leurs propres mains. J’ai fait l’acquisition de cet endroit grâce à la piété d’hommes religieux et craignant Dieu : je l’ai dédié au Saint Sauveur.

          Là, j’ai décidé, avec le consentement de votre Piété, de donner quelques jours de repos à mon corps fatigué par la vieillesse, et d’aller y dormir après ma mort. Les peuples auxquels, par la grâce de Dieu, j’ai porté la parole évangélique, demeurent dans les environs. Je puis encore leur être utile tant que je vivrai, avec le concours de vos prières. »

          Ici, et dans d’autres passage, nous voyons le but de cette fondation pour saint Boniface : dans sa pensée, le monastère de Fulda fut, dès l’origine, destiné à être non seulement la retraite de quelques ascètes, mais aussi un foyer de civilisation et de chrétienté.

          Ce grand rôle national auquel était appelée cette abbaye ne permettait pas qu’elle restât, après la mort de son fondateur, soumise à la juridiction d’un diocèse déterminé. Œuvre d’un légat du pape, appelée à continuer son action, l’abbaye de Fulda devait relever directement du souverain pontife et être indépendante de toute autre autorité. Voilà pourquoi Boniface demanda au pape Zacharie l’immunité pontificale pour ce monastère, alors qu’il ne l’avait jamais sollicitée pour aucune de ses fondations antérieures. L’œuvre répondit aux grandes espérances de son fondateur, et devint, et est encore, un puissant foyer de vie religieuse et de vie intellectuelle : tous les arts y fleurirent sous les auspices de la religion.