Galates 5,25 – 6,18

« Portez les fardeaux les uns des autres »

Père Benoît Standaert

Paul de Tarse, L’épître aux Galates, p. 188s

 

          Après avoir exposé les principes, Paul considère tout d’abord le cas, toujours possible, d’un frère qui est pris en faute. Comment s’y prendre, et à qui confier la tâche de le reprendre ? Il s’adresse aux spirituels ; il leur recommande à la fois de la rigueur pour remettre le frère dans le droit chemin, et un esprit de douceur. Il met en garde celui qui pratiquera la correction fraternelle : celui qui corrige pourrait bien être lui aussi tenté ! Grande sagesse qui envisage tous les points de vue : la conduite de l’autre, la règle de conduite pour tous, et la conduite personnelle de chacun. Cela débouche sur ce nouveau principe qui tient compte de la vie avec ses immanquables fardeaux de nos défaillances en communauté : Portez les fardeaux les uns des autres et ainsi vous accomplirez la Loi du Christ. Notre liberté en Christ nous conduit à cette discipline et à cet art de porter les fardeaux les uns des autres. Voilà la Loi du Christ ! On n’est pas loin de la loi de liberté qu’on trouve sous la plume de Jacques dans la lettre qui lui est attribuée. Il n’y a plus de loi, si ce n’est la Loi du Christ ! Je me suis fait tout à tous, écrit-il aux Corinthiens, et cela va jusqu’à être avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi, quoique je ne sois point sans la Loi de Dieu, tant sous la Loi du Christ afin de gagner ceux qui sont sans loi (1 Co 9,21). Voilà les beaux paradoxes qui surmontent toutes les critiques possibles, de quelque bord qu’elles viennent.

          La suite éclaire le pôle du sujet et l’incite à rester capable d’une constante autocritique. Abba Poimên au désert égyptien disait, sous forme imagée : Cette maison de tiendra pas, car il lui manque l’autocritique. Ce type de recommandation ne manque pas dans les lettres de Paul : Que celui qui pense se tenir debout, prenne garde de tomber (1 Corinthiens 10,12 ; Romains 11,18). Que l’on porte les fardeaux des autres, mutuellement, mais que ce soit sans oublier le sien propre qu’il s’agira de porter jusqu’au jour du jugement.