Job 1, 1-22

Les vraies richesses

Saint Augustin

Sermon 177, 3-4,  p. 530s

 

          Usons de nos biens en tant qu’ils sont pour nous une nécessité, sans y attacher notre cœur : qu’ils nous soient comme l’auberge du voyageur et non comme le domaine d’un propriétaire. Refais tes forces et passe. Tu es en voyage. Tu as certes besoin de nourriture et de vêtements, mais contente-toi des provisions indispensables à ce voyage sans te charger de superflu.

          Pourquoi te charger d’un lourd fardeau pour un chemin si court ? Au lieu de t’aider à atteindre le terme de ton voyage, il sera un poids qui t’entravera. Tu es écrasé sous le poids de l’argent, de ta convoitise. La convoitise ternit la pureté du cœur. C’est la convoitise qui te rend esclave de l’or, et c’est l’amour qui te libère. Pour toi homme de Dieu, fuis tout cela. Pas d’alternative : ou la servitude, ou la fuite.

          Mais, tu ne fuis pas sans espérance : poursuis la justice, la foi, la charité. Voilà tes richesses : richesses spirituelles dont le voleur ne peut s’emparer si une volonté coupable lui en donne les moyens. Garde avec soin ce coffre-fort intérieur qu’est ta conscience. Ces richesses, personne ne peut te les enlever, ni les voleurs, ni un puissant ennemi, ni les barbares, ni même un naufrage, car dépouillé de tout, tu n’en seras pas moins riche. Job était-il pauvre lorsque ayant perdu tout ce qu’il possédait, il disait : Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris ; que sa volonté soit faite et son nom béni.

          Merveilleuse abondance ! Richesses immenses. Il ne possède plus rien, mais il est comblé par Dieu ; dépouillé des richesses qui passent, rempli de la volonté de son Seigneur. Pourquoi donc rechercher l’or au prix de temps de fatigue et de si longs voyages ? Aime les richesses spirituelles et tu seras comblé. Tu en découvriras facilement la source si tu ouvres ton cœur, si tu l’ouvres avec la clé de la foi : c’est elle qui en ouvrant ton cœur le purifie pour accueillir ces richesses. Et ne crains pas d’être à l’étroit : ton trésor, c’est ton Dieu, et dès qu’il entre dans ton âme, il la dilate.