1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 4,1-16

Saint Jacques le Majeur

Père Jean-Michel Poirier

Dans Pierre Debergé, La Bible et ses personnages, p. 268s

 

           Un problème de communion entre communautés se pose dans l’Eglise primitive, non seulement au niveau du lien entre l’Eglise mère et les nouvelles communautés de Samarie, de Galilée, de Judée, puis d’Asie Mineure, de Grèce, et enfin de Rome, mais aussi quant au lien de la foi entre les différentes communautés de Jérusalem. Dans ce tableau, comment Jacques s’est-il situé ?

          Dans une première approximation, on peut considérer que le frère du Seigneur était le leader raisonné, lui que a accueilli Paul lors de sa première venue à Jérusalem (Galates 2,19). Les appellations de notables et d’anciens suggèrent une communauté modelée sur le patron de la première alliance : c’est à eux qu’à plusieurs reprises Jacques est clairement associé. Dans ce groupe, la relation familiale avec le Seigneur joue un rôle majeur. Si Jacques en est le leader, on comprend mieux pourquoi il prend la parole après Pierre lors de l’assemblée de Jérusalem narrée en Actes 15 : porte-parole des Juifs chrétiens, il offre un compromis qui puisse être admis dans son groupe, à avoir de prescrire aux païens convertis d’observer les commandements dits noachiques. Ce faisant, Jacques, d’une certaine manière, met les païens convertis à l’écart de l’alliance mosaïque, et fait ainsi courir le risque, dans la perspective d’un christianisme fidèle à la Loi en toute son extension, d’instaurer une Eglise à deux vitesses : les chrétiens de premier rang, les vrais, les purs, et ceux de second rang, les sympathisants, les associés.

          Pour ce qui nous occupe, cette version s’accorde avec l’image générale donnée par le livre des Actes de l’évolution de l’Eglise de Jérusalem et du rôle croissant de Jacques. Cette communauté avec le départ de ses chefs historiques, Pierre, Jean et d’autres, se réduit de plus en plus à sa première composante ; à tout le moins, celle-ci devient majoritaire et capable d’imposer son point de vue. Au chapitre 21 du livre, on ne voit plus que Jacques qui apparaît à la fois comme le patron de cette Eglise, et le leader des Juifs chrétiens attachés à la loi mosaïque.