2 Corinthiens 5,11-21 ou Proverbes 31,10-31

Marie-Madeleine parmi les « petites »

Père Louis d’Hérouville

Marie Madeleine, femme pascale, p. 27s

 

           Marie-Madeleine n’est pas très fréquemment citée dans les Evangiles. Ceux-ci la nomment douze fois. Elle n’apparaît, du reste, qu’après la mort de Jésus, sauf dans l’évangile de Luc (8,2) où elle est présentée succinctement au milieu d’autres femmes. Il est donc peu question d’elle en comparaison des personnalités de Pierre ou de Jacques. Les autres livres du Nouveau Testament ne la connaissent pas. D’un point de vue purement littéraire, on peut donc dire que Marie-Madeleine est un personnage secondaire.

          Elle reste cependant une figure importante de l’évangile. Dans la Bible, de nombreux personnages dits secondaires s’avèrent jouer des rôles déterminants. On peut mentionner simplement, par exemple, la figure de la femme aux parfums en Marc 14,3-9. Elle n’est décrite que sur quelques versets, elle reste anonyme, son geste déplaît et fait l’objet de remarques de la part des disciples. Jésus cependant dit à son sujet : En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamé l’évangile, au monde entier, on redira aussi à sa mémoire ce qu’elle vient de faire. Bien que personnage secondaire, cette femme semble, pour Marc, avoir accompli le geste d’onction du Messie attendu pendant tout l’évangile. Il en est de même pour Marie-Madeleine. Elle n’est nommée qu’à l’épisode de la mort et de la résurrection de Jésus. Cet événement est cependant ce qu’il y a de plus inouï dans l’histoire racontée par les quatre évangiles : il n’est pas anodin qu’elle se trouve là. Marie-Madeleine, malgré son rôle apparemment réduit dans le temps et l’espace, consistant à voir le tombeau vide, – rencontrer le Ressuscité et transmettre son message aux disciples -, va être particulièrement mise en valeur par le travail littéraire des évangélistes. Elle va rendre manifeste l’accomplissement d’événements annoncés par l’Ancien Testament aussi grandioses que la venue de l’époux, la naissance d’un sauveur ou l’ouverture des temps eschatologiques !

          Philippe Lefebvre fait ce constat : Ce n’est pas parce qu’un personnage est peu mentionné qu’il est de peu d’importance : il se peut qu’il actualise des personnages considérables dont l’histoire a été développée dans des livres antérieurs. Tel est l’art qu’utilisent les évangélistes en écrivant la vie de Jésus, en particulier pour Marie-Madeleine.