Galates 12,1-9 + 15,1,6 ou Siracide 45,1-16 ou Ephésiens 4,1-24

Saint Benoît, sa Vie, sa Règle

Daniel-Odon Hurel

Les Bénédictins, p. 10s

 

          Nous ne savons que fort peu de choses sur l’auteur auquel est attribuée la rédaction de cette Règle dite de saint Benoît. Une seul source lui est consacrée, le deuxième livre des Dialogues, rédigé vers 593-594, par le pape Grégoire le grand, mort en 604, lequel avait fondé un monastère avant d’être élu pape. La vie de Benoît occupe tout le livre, alors que dans le premier et le troisième se succèdent une quarantaine de saints moines, évêques et autres martyrs de l’arianisme, tous du VI° siècle. Avoir consacré un livre entier à saint Benoît témoigne de l’importance du personnage aux yeux du pape, tout au moins dans l’Italie centrale de la toute fin du siècle, soit quelques décennies après la mort de Benoît vers 550-560. D’après les rares rapprochements chronologiques possibles, Benoît serait né en 480, se serait installé au Mont-Cassin à la fin des années 530.

          La vie de Benoît répond à un genre littéraire hagiographique dans lequel se succèdent des moments clés : conversion, fondation, miracles, charismes, sainte mort. Benoît apparaît issu d’une catégorie sociale aisée de la ville de Nurcie, en Ombrie, au nord-est de Rome. Il est envoyé à Rome pour faire ses études où il connaît une conversion radicale qui le conduit à se faire ermite au sud de Rome, à Subiaco. Son charisme lui attire des disciples et le conduit à diriger plusieurs communautés avant de se fixer au Mont-Cassin et d’y organiser une nouvelle communauté pour laquelle, après plusieurs années d’expérience, il écrit la fameuse Règle des moines. L’existence d’une unique source, de surcroît hagiographique, impose une lecture spécifique de ce texte. En effet, les différents miracles et les actes de Benoît semblent faire écho au contenu même de la Règle, laquelle est signalée au chapitre 36 de la Vie, et aux fondements du monachisme synthétisé et renouvelé de Benoît : le rôle du supérieur, l’obéissance, la pauvreté, le soin des âmes, le primat de la prière… Dès lors, on pourrait aller jusqu’à se poser la question de la réalité historique du personnage, tant la correspondance est parfaite entre ces deux piliers littéraire du cénobitisme ainsi promu par la papauté, mais qui ne commence à se diffuser véritablement qu’un siècle plus tard et pas forcément du seul Mont-Cassin, détruit par les Lombards ver 589 et reconstruit au début du VIII° siècle.