Marc 6, 1-6

Visite à Nazareth

Père Michel Trimaille

La christologie de saint Marc, p. 39s

 

          Spectateurs des actes de Jésus, les gens est une désignation commode, englobant toutes les personnes qui apparaissent dans la narration marcienne avec ils, eux, la foule, le grand nombre, la multitude, les hommes ; ils constituent le public habituel de Jésus chez Marc.

           Lorsque Jésus enseigne dans la synagogue de Nazareth, les gens sont frappés comme lors de sa première intervention dans la synagogue de Capharnaüm. La raison du choc reçu par les compatriotes de Jésus n’est pas quelque miracle éclatant : nous apprenons à la fin du récit qu’il n’en a pas fait ! Ils se posent une série de questions : D’où lui vient tout ce que nous avons entendu ? Et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, pour que même des actes-de-puissance adviennent pas ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ?

          Les gens de Nazareth ont été informés de tout ce qu’a fait Jésus depuis Capharnaüm ; ils en ont un échantillon dans l’enseignement synagogal que Jésus vient de leur donner. Cet enseignement, ainsi que les miracles dont ils ont entendu parler, ont leur source dans un charisme qui lui a été donné, le passif divin ne laissant aucun doute sur l’origine divine de ce nom. En effet, les questions posées par les gens de Nazareth signifient que sa condition artisanale et son appartenance à une famille telle que la sienne ne peuvent pas expliquer la compétence dont il a fait preuve pour enseigner, et encore moins le pouvoir grâce auquel il a fait les miracles dont ils ont entendu parler.

          Ils établissent donc d’abord une relation entre l’enseignement dispensé par quelqu’un et sa sagesse. En cela, ils ne se montrent pas très originaux : les rabbins faisaient partie des sages, et, depuis Capharnaüm, Jésus est accueilli comme un rabbi dont l’excellence surpasse celle des scribes ; il est donc supérieur aux sages !

          Enfin, la sagesse donnée par Dieu à Jésus est sans doute une conséquence directe du don de l’Esprit au baptême. Isaïe (11,2) annonçait déjà que le Messie serait revêtu de l’Esprit de sagesse et d’intelligence.