Marc 6, 7-13

La métanoïa : le changement de vie

Saint Maxime le Confesseur

Elie Ayroulet, dans Daniel Vigne, La conversion chez les Pères,  p. 238s

 

          Les Douze  s’en allèrent prêcher pour qu’on se convertisse. Presque tous les péchés viennent par le plaisir, et ils s’en vont, par la souffrance et l’affliction, grâce à la conversion volontaire.

          Celui qui s’occupe des péchés des autres, ou qui juge son frère sur un simple soupçon, n’a pas encore commencé à se convertir. Il ne cherche pas non plus à connaître ses propres péchés, lesquels sont en vérité plus pesants qu’une lourde masse de plomb. Et il n’a pas compris d’où vient l’homme au cœur dur, qui aime la vanité et poursuit le mensonge. C’est pourquoi, comme un fou qui va dans les ténèbres, sans se soucier de ses propres péchés, il imagine ceux des autres, réels ou supposés.

          Celui qui œuvre à la vertu, à cause de la peine qui y est attachée, et celui qui aime le monde, à cause de la perte des pertes des choses matérielles, tous les deux sont affligés. Mais l’affliction de l’un est salutaire, celle de l’autre est corruptrice et funeste. Et le Seigneur est le réconfort des deux : en lui-même, pendant la contemplation, par l’impassibilité, il soulage l’un des peines des vertus, et il dégage l’autre, par le repentir, du penchant passionné qui le porte aux choses qui se corrompent.

          Le fruit de la conversion, c’est l’apatheia de l’âme, et l’apatheia est l’effacement du péché. Par le saint baptême, nous avons été libérés du péché d’origine, mais les fautes que nous avons eu l’audace de commettre après le baptême, nous en somme délivrés par la conversion.

          Purifions-nous donc de toute souillure de la chair et de l’esprit pour sanctifier le nom de Dieu en étreignant le désir concupiscible indécemment ravagé par les passions. Et engloutissons, sous la raison, l’ardeur irascible portée à la furie par le désordre des plaisirs, pour accueillir le Royaume de Dieu le Père, qui vient par la douceur, et joindre aux premières paroles les paroles suivantes de la prière, en disant : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.