Matthieu 20, 20-28

La juste place

Père Michel Hubaut

Commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, p. 284s

 

           Jésus énonce donc pour tous ses disciples, présents et à venir, un principe fondamental qui est à contre-courant de la pratique de tous les pouvoirs humains.

 

          Car, comme les apôtres, nous sommes tous animés par une tendance à exercer un pouvoir sur les autres : le désir d’être le premier, le plus fort, le plus grand est inné chez l’homme. Ce qui peut d’ailleurs être un facteur de simulation, de progrès. Mais cette tendance fondamentale peut être pervertie, par les forces du mal, en volonté de domination, de puissance pour s’exalter soi-même.

 

          Jésus veut convertir ce désir de pouvoir en volonté de servir les autres. C’est bien un principe révolutionnaire de sa Bonne Nouvelle qui annonce le Royaume de Dieu, le Règne de l’amour.

 

          Matthieu utilise ici deux expressions : serviteur (diakonos) et esclave (doulos). Le mot esclave étant pris ici dans son sens plus large, et équivaut au mot serviteur, celui qui dépend d’un maître. Ces termes ne visent pas à nous laisser asservir, mais ils soulignent l’interdépendance des frères et sœurs de la communauté chrétienne. Tel est le nouveau fondement de la communauté : le service mutuel, la réciprocité confiante.

 

          Jésus énonce donc pour tous ses disciples un retournement fondamental qui exige une conversion radicale, à contre-courant de la pratique des relations humaines. Une nouvelle manière d’être dont Jésus se présente comme la référence exemplaire.