Proverbes 8, 1-5+12-36

La Sagesse parle

Père Maurice Gilbert

La Sagesse personnifiée dans l’Ancien Testament, CE 32, p. 10s

 

          Qui est la Sagesse ? On ne nous le dit pas clairement. Certes, elle s’identifie à l’intelligence, à cette compréhension en profondeur de la réalité, mais cela n’éclaire pas beaucoup. Elle se présente aussi comme une femme. Peut-être y a-t-il là un contraste avec la femme étrangère, celle qui n’est pas la tienne, et qui s’offre au commerce des niais. La langue hébraïque permettait de donner à la Sagesse un visage féminin, puisque comme en grec, en latin ou en français le mot sagesse est un substantif féminin. Ce fait de langue permettra  de longs développements dans l’Ancien Testament.

 

          Il est intéressant de constater que la Sagesse annonce un discours dont elle prend l’initiative. Un véritable discours, pas une simple conversation avec quelques connaissances, pas un échange discret de bons propos, mais une harangue prononcée debout et à forte voix. Elle ne répond à personne, elle intervient de son propre chef.

 

          Où parle-t-elle ? Les versets 2-3 décrivent un seul et unique endroit. Les villes anciennes du Proche-Orient étaient entourées de murailles percées de quelques portes par où on avait accès à l’intérieur de la ville. Toutes les voies extérieures se rejoignaient devant une porte en une sorte d’esplanade, de place : en temps de paix, cet espace dégagé était un des lieux de la vie sociale. On y rendait la justice, on y tenait des assemblés religieuses ; toute le monde s’y retrouvait le jour du marché, y discutait affaires, commerce ou politique, et la jeunesse s’y attroupait à la tombée de la nuit.

 

          Voilà l’endroit que la Sagesse a choisi pour prendre la parole. Elle ne s’adresse pas à un cercle choisi ; on n’est pas à l’école, mais sur la place publique. La Sagesse parle aux humains, à tous les humains, là où ils vivent en société.