Job 3, 1-26

« Qui peut gravir la montagne de Dieu ? » (Psaume 23)

Sœur Marie-Jacqueline

La Gloire et l’Honneur de Dieu sur la montagne, Carmel, 1978, 4, p. 321s

 

           Qui peut gravir la montagne de Dieu ? C’est la question que se pose Jean de la Croix pour guider par des voies sûres le peuple de ceux qui cherchent Dieu. Approcher de Dieu : la démarche exige une préparation, une purification. L’idée est souvent présente dans l’Ancien Testament. Il faut se déchausser, ôter ses sandales, ce que, à la lettre, voudra faire Jean de la Croix en inaugurant la réforme thérésienne. Il faut laver ses vêtements, se purifier : effort actif sur soi-même. Oter ses parures, se dépouiller : thème qui sera repris textuellement dans la Nuit Obscure. Circoncire son cœur, c’est-à-dire désirer appartenir totalement au Seigneur jusqu’à l’intime de son être, et pour cela se laisser purifier, laver de son péché. On a reconnu l’ascèse de Jean de la Croix. De fait, dès les premiers chapitres de la Montée, lorsqu’il veut appuyer solidement l’enseignement donné à son disciple, Jean de la Croix en appelle à l’Ancien Testament et particulièrement à Moïse et à Jacob : lorsque Dieu commanda à Moïse de venir à la montagne pour parler avec Lui, il ne se contenta point de lui enjoindre d’y monter seul, laissant les enfants d’Israël au bas du Mont, mais Il défendit que les bêtes prennent la pâture devant la montagne. Il signifiait par là que celui qui va grimper sur cette montagne de la perfection pour communiquer avec Dieu, ne doit pas seulement renoncer à toutes choses et les laisser en bas, mais ne doit pas nourrir ses désirs de ce qui n’est pas Dieu. Nous voyons aussi que le patriarche Jacob voulant aller sur le Mont Béthel pour y ériger un autel à Dieu afin de Lui offrir un sacrifice commanda auparavant trois choses à ses gens : jeter loin d’eux tous les dieux étrangers, se purifier et changer d’habits. Par là, il est donné à entendre que celui qui voudra monter en cette montagne pour y faire un autel de soi-même, sur lequel on offre à Dieu un sacrifice de pur amour, de louange et d’adoration, avant que de monter au haut de la montagne doit avoir parfaitement accompli ces trois choses, Dieu lui donnant une nouvelle façon d’entendre Dieu en Dieu…, et un nouvel amour de Dieu en Dieu…, et Dieu mettant l’âme dans une nouvelle connaissance et dans un abîme de joie. Et ceci est l’état d’union, ou sommet de la montagne : l’âme est devenue un autel où Dieu est adoré par le sacrifice de louange et d’amour. Ce qui se résume ainsi : seuls la gloire et l’honneur de Dieu habitent cette montagne.