Proverbes 9, 1-18

Dans la lumière du Christ

Père André Barucq

La Sagesse nous invite à sa table, AS 51, p. 36s

 

          L’appel au festin, la présentation du pain et du vin, obligent à reprendre la question d’une relation possible entre ce qu’exprime ce texte des Proverbes et la mission du Christ, telle que nous la présente les évangiles. Pensons surtout  à saint Jean. Chez lui, le Christ apparaît d’emblée comme le Verbe de Dieu, mais est aussi celui qui, dans le discours sur le pain de vie, se dira à la fois parole envoyée pour révéler le Père, et pain descendu du ciel. En Proverbes (9,3), la Sagesse envoie porter l’appel aux naïfs ; en Jean (6,37-39), Jésus se présente aux foules comme l’envoyé du Père. La Sagesse invite à manger de son pain, à boire de son vin ; Jésus invite à manger ce pain qui est sa propre chair, à boire ce breuvage qui est son propre sang.

          Le texte de Proverbes est plus concis, plus logique aussi, dans le développement du thème du festin. Le texte de Jean, plus élaboré, superpose les images : le Christ est à la fois la Parole, l’envoyé de Dieu et le pain ; son corps est pain, son sang est breuvage.

          En Jean, l’envoi du Fils d’auprès du Père et l’invitation à croire en son témoignage, à se rassasier de sa chair et de son sang n’ont d’autre but que de procurer la vie éternelle, la résurrection, à ceux qui croiront au Fils ; c’est aussi ce à quoi tend l’invitation de la Sagesse.

          Notre présence en une célébration eucharistique nous situe parmi les conviés de la Sagesse. Nous n’avons pas à rougir de nous laisser assimiler à des simples. Comme le jeune homme des Proverbes ou les invités de l’Evangile, nous pouvons être envoûtés par des appels troubles et nous ranger au nombre des inattentifs, des sots, des naïfs. Pourtant, la Parole est là, au milieu même de nos cités tumultueuses. Leur tourbillonnement procure l’illusion de la vie. Pour trouver la vraie vie, il faut prêter attention aux envoyés, aller à la maison aux sept piliers, écouter la parole et manger la nourriture amoureusement préparée. C’est cela que nous disent, parallèlement et complémentairement, ce passage des Proverbes et saint Jean (6,51-58).