Job 4, 1-21

Dieu est juste, l’homme ne l’est pas

Père Gaston Brillet

365 méditations sur la Bible, Tome 4 : la Sagesse, p. 15s

 

           Il faut imaginer l’état d’esprit des amis de Job en entendant sa plainte véhémente. Le malheur qui le frappait leur semblait déjà obscurément le signe qu’un jugement de Dieu était sur lui. Ses paroles où ne paraît aucune confession de péché les en convainquent encore plus.

          Eliphaz exprime, par son hésitation à parler, leur surprise. Et puis il reproche à Job l’excès de son découragement : lui qui éclairait et fortifiait les autres. Surtout, il lui reproche la confiance qu’il manifeste en sa propre justice.

          Et déjà Eliphaz esquisse sa thèse : Souviens-toi : quel est l’instrument qui a péri ? Où donc a-t-on vu des justes exterminés ?

          C’est fini. La position théologique est prise. Ou plutôt, cela n’a ni fin, ni commencement, nous avons affaire à une forme de l’esprit. Eliphaz et ses amis tourneront perpétuellement sur eux-mêmes.

          Les paroles d’Epiphaz sont d’ailleurs magnifiques. Il décrit d’abord une révélation qu’il a reçue en vision : A l’heure où les rêves s’emparent de l’esprit, quand une torpeur envahit les humains…

          Et que fut cette révélation si mystérieusement préparée ? Un silence… puis une voix se fit entendre : Un mortel est-il juste devant Dieu ?

          Les anges même sont impurs à ses yeux, que dire des hôtes de ces maisons d’argiles, les hommes ?

          Eliphaz conclut par cette formule imaginée et puissante : Non, la misère de sourd pas de terre, la peine ne germe pas du sol. C’est l’homme qui engendre la peine.

          Sa thèse péremptoirement établie, Eliphaz exhorte son ami. Voilà ce que je ferais, dit-il.

          Ce qu’il ferait est, certes, pieux et sage : J’aurais recours à Dieu, à Lui j’exposerais ma cause. Et Eliplaz développe le tableau de la Providence divine, qui s’achève en un éloge de la patience et de la docilité : Oui, heureux l’homme que Dieu corrige…