Job 23,1 – 24,12

Dieu est loin, le mal triomphe…

Père Paul-Marie de la Croix

L’Ancien Testament, source de vie spirituelle, p. 867s

 

           Une épreuve aussi lourde, aussi inhumaine, qui pourrait la soutenir longtemps ? De fait, les forces de Job le trahissent, ses jours s’épuisent, la mort vient, il le sait. Ce Dieu qu’il appelle et qui le repousse, ce Dieu cruel et sourd, ce Dieu est-il Celui en qui il a cru ? Tout, oui, tout se passe  comme s’il ne l’était pas !

          S’il s’agissait seulement de la lutte désespérée d’un homme contre les forces inégales qui l’écrasent depuis longtemps, c’en serait fait de Job.

          Mais c’est à la fois pour Dieu et contre Dieu qu’il combat. Celui qui l’épuise et le conduit aux portes de la mort, est aussi celui qui le soutient.

          Cent fois Job eût dû expirer. Mais Dieu qui veille ranime la flamme prête à s’éteindre. Alors qu’elle semblait à toute extrémité, la voici qui jaillit à nouveau des cendres. Ce qui ramène Job à la vie, est cela même qui, à l’instant d’avant, le menait à sa perte. D’autres que lui ont connu ce sursaut inexplicable de la foi et de la confiance, cet élan d’amour tremblant et indéfectible à l’heure où leur âme était précipité dans le gouffre, et se sentait perdue sans recours. Mais, jamais autant que dans le Livre de Job, nous ne sentons une âme retenue sur le bord de l’abîme par le seul fil infiniment ténu de la confiance.

          Oh ! Qui me donnera de savoir où le trouver, d’arriver jusqu’à son trône ? Je plaiderais ma cause devant lui, et je remplirais ma bouche d’arguments… Je saurais les raisons qu’il peut m’opposer, je verrais ce qu’il peut avoir à me dire ? M’opposerait-il la grandeur de sa puissance ? Ne jetterait-il pas au moins les yeux sur moi ? Alors l’innocent discuterait avec lui, et je m’en irais absous pour toujours par mon juge.

          Comme ce Dieu caché demeure proche du cœur de Job ! Comme la victime continue à espérer de son bourreau ! Il connaît les sentiers où je marche, qu’il m’examine, et je sortirai pur comme l’or…

          Cependant, pour qu’en une semblable tourmente subsiste la confiance et que s’accomplisse en toute vérité le travail de purification, une chose est indispensable de la part de l’âme : la fidélité.