Tite 1, 1-16

« Appelés à l’espérance de la vie éternelle »

Saint Augustin

La Cité de Dieu, Livre XII, 16-3 + 18-1, DDB 35, p. 205s

 

          Dieu a toujours été Seigneur, il y a toujours une créature soumise à son autorité. Cette créature n’a pas été engendrée par lui, elle a été faite de rien par lui. Elle ne lui est donc pas coéternelle. Car il était avant elle, bien qu’il n’ait été en aucun temps sans elle, la précédant, non par une durée fugitive, mais par une permanente éternité. Voilà ma réponse à ceux qui demandent : comment Dieu a-t-il été toujours Créateur, toujours Seigneur, s’il n’a pas eu toujours une créature à son service ? Ou comment celle-ci a-t-elle été créée et n’est-elle pas plutôt coéternelle au Créateur si elle a toujours existé ? Mais si je réponds ainsi, je crains qu’on ne m’accuse d’affirmer ce que j’ignore, au lieu d’enseigner ce que je sais. Je reviens donc à ce que notre Créateur a voulu nous faire savoir.

 

          Quels siècles ont passé avant l’institution du genre humain ? J’avoue l’ignorer. Pourtant je ne puis douter qu’absolument rien de créé n’est coéternel au Créateur. L’apôtre parle même, dans la première lettre à Tite (1,2-3), de temps éternels, non ceux qui sont à venir, mais chose plus étonnante, de temps passés : Nous sommes, dit-il, appelés à l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne ment pas, a promise avant les temps éternels. Le voilà donc affirmant dans le passé des temps éternels, qui néanmoins ne sont pas coéternels à Dieu. De fait, Dieu existait avant les temps éternels et, de plus, il a promis la vie éternelle qu’il a manifestée en son temps, c’est-à-dire aux temps convenables ; et quelle était cette promesse sinon son Verbe ? Car, c’est lui, la vie éternelle ! Et comment a-t-il fait cette promesse, puisqu’il l’adressait aux hommes qui n’existaient pas encore avant les temps éternels, sinon parce que, dans son éternité, et dans son Verbe coéternel, il avait déjà arrêté par prédestination ce qui devait arriver en son temps ?