2 Corinthiens 3,7 – 4,6

Clément d’Alexandrie

Clément d’Alexandrie

Extraits de Théodore, dans Michel Coune, Joie de la Transfiguration, p. 11

 

          A cause de sa grande humilité, le Seigneur n’est pas apparu comme un ange, mais comme un homme. Et lorsque, sur la montagne, il est apparu à ses apôtres dans la gloire, ce n’est pas à cause de lui-même qu’il a agi en se manifestant ainsi, mais à cause de l’Eglise, qui est la race élue (1 Pierre 2,9), afin qu’elle apprît l’avancement obtenu dans le seigneur après sa sortie de la chair. Car il était aussi la lumière d’en-haut, et ce qui a été manifesté dans la chair (1 Timothée 3,16), ce qui a été vu ici-bas, n’est pas inférieur à Celui d’en-haut. Par le fait de son passage de là-haut ici-bas, il n’était pas à l’état divisé, comme s’il échangeait un lieu pour un autre et quittait l’un pour gagner l’autre. Mais il était l’Omniprésent, tout à la fois près de son Père et ici-bas, car il était la Puissance (1 Co 1,24) du Père.

          D’ailleurs, il fallait que fût également accomplie cette parole du Sauveur : Il en est plusieurs, parmi ceux qui se tiennent ici, qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme dans sa gloire (Mattieu 16,28). C’est ainsi que l’ont vu Pierre, Jacques et Jean. Puis ils sont morts.

          Comment se fait-il donc qu’ils ne furent pas effrayés en apercevant la vision lumineuse et qu’ils tombèrent sur le sol en entendant la Voix ? (Matthieu 17,6). C’est que les oreilles sont plus difficiles à persuader que les yeux, et la voix inattendue frappe davantage que la vision inattendue.

          Il est vrai que Jean, le Baptiste, en entendant la Voix (Matthieu 3,17), n’a pas été effrayé : c’est qu’il l’a entendue dans l’Esprit, qui est accoutumé à une telle Voix. Mais l’homme quelconque, qui n’est que cela, a été frappé en l’entendant.

          C’est pour cette raison que le Seigneur leur dit : Ne dites à personne ce que vous avez vu (Matthieu 17,9). Pourtant, ce n’est même pas de leurs yeux de chair qu’ils avaient vu la lumière. Car il n’y a aucune parenté ou affinité entre cette lumière transcendante et la chair d’ici-bas. Mais ils avaient vu en tant que la puissance et la volonté du Sauveur avaient donné à la chair la puissance de contempler : pour cette raison, entre autres, que, ce que l’âme avait vu, elle l’a communiqué à la chair, son associée, à cause de leur étroit enlacement.