1 Corinthiens 7,25-40 ou Apocalypse 7,9-17

La parole de la croix

Edith Stein

Science de la croix, p. 112s

 

           La parole de la croix est l’évangile de Paul, l’annonce qu’il doit proclamer aux Juifs et aux païens. C’est un simple témoignage, sans coquetterie oratoire, sans aucun effort pour convaincre avec des arguments rationnels. Il puise toute sa force dans ce qu’il annonce. Et c’est la croix du Christ, c’est-à-dire la mort du Christ sur la croix et le Christ crucifié lui-même. Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu, non seulement comme envoyé de Dieu, Fils de Dieu et Dieu lui-même, mais comme crucifié. Car la mort sur la croix est le moyen de rédemption qu’a inventé la sagesse insondable de Dieu. Pour montrer que la puissance et la sagesse humaines sont incapables d’opérer la rédemption, il donne la puissance rédemptrice à ce qui semble, à vues humaines, faible et fou ; à ce qui ne veut rien être de soi-même, mais laisse seulement agir en soi la puissance de Dieu ; qui s’est vidé et est devenu obéissant jusqu’à la mort de la croix. La puissance rédemptrice, c’est la force d’éveiller à la vie ceux en qui la vie divine s’était éteinte du fait du péché. La puissance rédemptrice de la croix est entrée dans la parole de la croix et, à travers cette parole, passe en tous ceux qui l’accueillent, qui s’ouvrent à elle, sans exiger de signes prodigieux ou de raisons d’humaine sagesse ; elle devient en eux une puissance qui donne la vie et qui donne forme à la vie, une puissance que nous avons appelée la science de la croix. Paul lui-même l’a formulé de manière décisive : par la Loi, je suis mort à la Loi pour vivre en Dieu ; je suis cloué à la croix avec la Christ. Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Tant que je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi.

            Dans ces jours où s’était la nuit autour de lui, mais lumière en son âme, celui qui brûlait de zèle pour la Loi a compris que la Loi n’était qu’un pédagogue pour mener au Christ. Elle pouvait préparer à recevoir la vie, mais ne pouvait pas donner la vie. Christ a pris sur lui le joug de la Loi : il l’a accomplie parfaitement et il est mort pour la Loi et de par la loi. C’est justement ainsi qu’il a libéré de la Loi ceux qui veulent recevoir de lui la vie. Mais ils ne peuvent la recevoir qu’en livrant leur propre vie. En effet, ceux qui sont baptisés dans le Christ sont baptisés dans sa mort, ils s’immergent dans sa propre vie pour devenir membres de son corps, pour souffrir avec lui et mourir avec lui, mais aussi pour ressusciter avec lui à l’éternelle vie divine. Cette vie ne viendra pour nous dans sa plénitude qu’au jour de la manifestation glorieuse. M  ais nous y participons d’ores et déjà à partir du moment où nous croyons : Christ est mort par amour pour nous, pour nous donner la vie.