Ephésiens 1,1-14 ou Ephésiens 1,16-2,10

L’Assomption de Marie

Père Philippe Ferlay

Marie de Nazareth, trente méditations, p. 128s

         

            L’Assomption de Marie est, bien sûr, un dogme christologique. C’est à la destinée pascale de Jésus que Marie est unie. Elle parcourt jusqu’à son terme le chemin de la suite du Christ. Et, là encore, il y a dans la proclamation du dogme un précieux chemin pour la foi. Le Verbe incarné n’est pas seulement venu lever un obstacle et nous libérer du péché, il est venu pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés, et le but de ce rassemblement est la Table du Père. La vocation de tous les hommes est eschatologique, et c’est au-delà de cette vie mortelle que nous serons vraiment accomplis. Nous vivrons alors en plénitude dans le rayonnement de la charité trinitaire. Autant il faut dire que la vie terrestre vaut la peine, qu’elle est déjà le ciel commencé, autant il nous faut garder les regards levés et nos cœurs accueillants à ce qui vient. Autant l’Eglise a trop longtemps négligé d’annoncer l’accomplissement eschatologique de l’homme, autant il ne faut pas que l’amour de cette vie nous détourne de penser à son accomplissement total. L’Assomption de Marie nous rappelle que nous n’avons pas ici-bas de demeure permanente et que le Père prépare à chacun de nous une demeure éternelle auprès de lui et en lui. L’Assomption de Marie, comme l’Ascension du Christ, est la fête de l’espérance chrétienne.

            Espérance inséparablement personnelle et communautaire. Espérance ecclésiale, à condition de ne pas réduire l’Eglise, Corps du Christ qui se construit, aux limites trop étroites de sa condition historique. C’est l’humanité tout entière, et le cosmos avec elle, qui a vocation d’être assumée dans la condition glorieuse du Christ. Fêter l’Assomption de Marie, c’est une occasion pour l’Eglise de considérer à la fois la grandeur de sa vocation et l’humilité de son service. Plus l’Eglise se reconnaît humble servante, plus elle est en droit de chanter la vocation de gloire à laquelle Dieu la prépare avec amour. Il en est bien de même pour Marie : l’humble jeune fille de Nazareth est destinée, de toute éternité, dans son humilité même, à devenir la femme radieuse qui trône dans le ciel aux côtés de son Fils. Il n’y a pas de changement de personne, mais profonde métamorphose, selon le dessein de Dieu.

            C’est aussi notre vocation personnelle, intime. Nous ne devons pas nous laisser accabler par nos fautes et notre lassitude, sûrs que nous sommes que Dieu est capable de tout transformer et de mener à terme son œuvre. La faiblesse et le péché doivent être chemin d’humilité, non de découragement, et, moins encore, de désespoir. L’Assomption de Marie nous dit que notre vie vaut la peine et que Dieu sait où il va. C’est dans la pureté de sa foi que Marie a accueilli le mystère de son Assomption. C’est dans la pureté de la foi que nous devons vivre.