Jean 6, 24-35

Il faut chercher Jésus pour lui-même

Saint Augustin

Traité 25,10 sur l’évangile de Jean, DDB 72, p. 445s

 

          Jésus lui dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non point parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains que je vous ai donnés. Vous me cherchez à cause de la chair, non à cause de l’esprit. Combien ne cherchent Jésus que pour recevoir de lui des faveurs temporelles : l’un a une affaire, il cherche l’intersession des clercs ; un autre est poursuivi par un plus fort, il se réfugie à l’église ; une autre veut qu’on intervienne pour lui auprès de quelqu’un sur lequel il a peu d’influence ; pour l’un c’est pour une chose, pour l’autre, une autre ; chaque jour l’église est remplie de pareilles gens. C’est à peine si l’on cherche Jésus pour Jésus.

          Vous me cherchez, non point parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains que je vous ai donnés. Vous me cherchez pour autre chose, cherchez-moi pour moi-même : Jésus insinue en effet qu’il est lui-même cette nourriture, ce qui ressort de la suite : celle que le Fils de l’homme vous donnera. Tu t’attendais, je crois, à manger de nouveau des pains, à t’étendre de nouveau, à être de nouveau repu. Mais il avait parlé non de la nourriture qui périt, mais de celle qui demeure jusque dans la vie éternelle, de même qu’il avait dit à la femme de Samarie : Si tu connaissais celui qui te demande à boire, c’est toi peut-être qui l’aurais prié et il te donnerait de l’eau vive. Comme elle lui disait : Comment auras-tu cette eau vive, puisque tu n’as rien pour puiser et que le puits est profond ?, le Seigneur répondit à la Samaritaine : Si tu connaissais celui qui te demande à boire, c’est toi qui lui aurais demandé à boire, et il te donnerait une eau telle que celui qui en boit n’aura plus jamais soif, car celui qui boit de l’eau de ce puits aura soif à nouveau. Elle se réjouit, et elle voulut recevoir de cette eau dans l’espoir de ne plus souffrir de la soif corporelle, elle qui se fatiguait à venir puiser. C’est au cours de cet entretien qu’elle parvint à la boisson spirituelle ; ici il en est absolument de même.