Marc 9, 2-10

La voix du Père

Tertullien

Dans Michel Coune, Grâce de la Transfiguration, p. 29s

 

          Comme d’habitude, une voix est venue du ciel, et le Père a témoigné de nouveau de ce qu’il avait dit au psaume 2, à savoir : Tu es mon Fils, aujourd’hui, je t’ai engendré ; et par la bouche d’Isaïe : Qui est celui qui craint Dieu ? Qu’il écoute la voix de son Fils ! (Isaïe 50,10).

          C’est pourquoi, le présentant enfin comme son Fils, il sous-entend : Celui que j’ai promis. Si, de fait, il l’a autrefois promis et s’il dit ensuite : C’est lui !, c’est bien la parole qui convient. On pourrait donc lui objecter : Qui es-tu, toi qui dis : c’est mon Fils !, alors que tu n’as pas davantage parlé de lui avant que tu n’aies d’abord révélé qui tu étais ?

          Celui-là donc, écoutez-le ! Qui faut-il écouter ? celui que dès le début Dieu a commandé d’entendre en tant que prophète, et que le peuple devait regarder comme tel. Dieu, avait dit Moïse, vous suscitera un prophète parmi vos fils, c’est-à-dire de la même descendance charnelle ; vous l’écouterez comme vous m’avez écouté. Quiconque ne l’écoutera pas sera retranché de son peuple (Deutéronome 8,15+19-19 ; Lévitique 23,29 ; Actes 3,22-23).

          Isaïe s’exprime dans les mêmes termes : Qui, parmi vous, craint Dieu ? Qu’il écoute la voix de son Fils !, c’est-à-dire de celui que le Père allait couvrir de son autorité, en confirmant d’avance, selon le même prophète, ses paroles (Isaïe 44,26), et en disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le.

          Ainsi donc, s’il y a eu passage, du devoir d’écouter Moïse et Elie, à celui d’entendre le Christ, ce passage n’a pas été ordonné par un autre Dieu, ni par rapport à un autre Christ, mais par le Créateur lui-même, à l’égard de son Christ, marquant ainsi la fin de l’Ancienne Alliance et la mise en œuvre de la Nouvelle. Ce n’est pas, dit encore Isaïe, un fondé de pouvoir ou un messager qui les sauvera, mais Dieu lui-même (Isaïe 63,9), lui qui annoncera désormais et accomplira la Loi et les prophètes.

          Le Père a donc donné à son Fils de nouveaux disciples, mais après avoir montré auprès de lui Moïse et Elie, participant à sa gloire. Sans doute sont-ils ensuite congédiés, mais non sans avoir été confirmés dans leur office et avoir reçu l’honneur qui leur est dû.