Jean 1, 45-51

« Un Israélite sans détour »

Saint Nicolas Vélimirovitch

Homélies sur les évangiles des dimanches et jours de fête, p. 170s

 

          Jésus vit Nathanaël venir vers Lui ; il dit de lui : Voici vraiment un Israélite sans détour. Quel merveilleux compliment ! Et venant de quelle bouche ! Mais que signifie l’expression un Israélite sans détour ? Cela signifie : un homme rempli de ce qui est l’inverse de la ruse, c’est-à-dire de Dieu : un homme pensant à Dieu, en quête de Dieu, à la recherche de Dieu, dans l’attente de Dieu, dans l’espérance de Dieu. C’est un homme qui s’est livré à un seul Maître, Dieu, et ne souhaite pas en connaître d’autre, un homme dans lequel le principe du mal n’a pas pu prendre racine. Mais cette mise en exergue par le Christ de Nathanaël comme d’un Israélite véritable constitue en même temps la mise en avant du triste constat qu’il ne subsistait qu’un petit nombre de véritables Israélites. C’est pourquoi le Seigneur lui-même, comme réjoui, s’écrit : Voici vraiment un Israélite sans détour ! En voici un véritable, au milieu d’un grand nombre d’imposteurs ! En voici un qui n’est pas seulement Israélite par le nom, mais aussi par l’esprit ! Bien que le Seigneur ait pu de loin être au courant du doute que Nathanaël avait exprimé à Philippe, Il félicite néanmoins Nathanaël comme un Israélite véritable et sans détour. Le complimente-t-Il afin de le séduire ? Non, Celui qui lit dans les cœurs ne tient pas compte des mots, mais regarde dans le cœur de l’homme. Rien dans l’évangile ne nous permet de voir que Nathanaël était un homme sans détour, mais le Seigneur regardait dans les cœurs et il l’avait lu dans son cœur. Peut-être que les autres apôtres, qui étaient autour du Christ, sont restés étonnés par ces compliments prononcés par le Christ, mais le Christ a laissé le temps de découvrir l’authenticité de son compliment.

          On voit Nathanaël se montrer comme un homme sans artifice ; il n’est nullement enivré par ce compliment. Il est plus attaché à la vérité qu’aux flatteries, et attache plus d’importance au Christ qu’à lui-même ! Aussi, sans recevoir ni refuser ce compliment, il se hâte de poser une question ouverte, dans le but de découvrir la vérité sur le Christ : D’où me connais-tu ?