24ème Dimanche du Temps Ordinaire

HOMÉLIE 

Si, en ce moment, Dieu venait à nous demander «Pour les gens, qui suis-je?», nous devrions lui donner toutes les réponses possibles, même les plus pittoresques. Il suffirait de jeter un coup d’œil aux informations qui apparaissent dans les moyens actuels de communication. Seulement… plus de vingt siècles de « temps de l’Église » se sont déjà écoulés. Après tant d’années, nous nous lamentons et -avec sainte Faustine- nous nous plaignons à Jésus: «Pourquoi le nombre de ceux qui Te connaissent est si petit ?». Serions-nous capables de répondre avec précision à la question de Jésus ?

Saint Jacques nous dit dans sa lettre que « la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte ». Le point de vue de Saint Jacques n’est pas inconciliable avec celui que defend Saint Paul. L’auditeur de la Parole doit en être l’executeur. Ce que Saint Paul refuse, c’est la valeur des oeuvres humaines pour mériter le salut sans la foi au Christ. Une telle confiance en l’effort de l’homme pour se rendre juste méconnait qu’il est foncièrement pécheur, et rend vaine la foi au Christ. Mais Paul admet que, une fois la justification reçue par pure graçe, la foi doit être active par la charité, cet à dire, la loi de l’amour.

Jésus a parcouru le monde en accomplissant des œuvres, nous laissant ses exemples sur la façon dont nous devrions agir. Mais tout comme à l’époque de Jésus et comme aujourd’hui, beaucoup de gens ne croyaient pas en lui. Dans ce contexte, Jésus pose une question : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Compte tenu des réponses des disciples, nous pouvons faire une évaluation de ce qui a été dit à propos de Jésus. Mais on peut aussi trouver d’autres réponses qui ne sont pas agréables à propos de Jésus : « Voici un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs ».

Face à tant de réponses sur Jésus, nous devons aussi nous remettre en question individuellement ; Qui est Jésus pour moi ? J’avoue qu’il n’est pas si facile d’y répondre avec précision, car il s’agit d’approfondir la connaissance du Christ au point où l’on peut dire avec l’Apôtre : « Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ. »

Cette question trouve aussi une résonance particulière dans le cœur de Pierre, qui, poussé par une grâce particulière, il répond : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Jésus lui dit, « Heureux es-tu Simon… » pour cette réponse pleine de vérité, dans laquelle il confesse ouvertement la divinité de Jesus avec lequel il marchait depuis plusieurs mois.

Pour donner une réponse convaincante de foi, les chrétiens ont besoin de connaître Jésus-Christ en profondeur, de connaître toujours davantage sa personne et son œuvre, par la lecture et la méditation de l’Évangile et par la rencontre avec Lui à travers les actions liturgiques de la liturgie des heures et la messe, en particulier les sacrements et L’obéissance à l’Évangile.

Si le chrétien ne témoigne pas sa foi au Christ, en acceptant de porter la Croix avec Lui, sa foi est vaine, elle est purement et simplement morte. Le chemin sur lequel Jésus veut nous conduire est un chemin d’espérance pour tous. La Gloire de Jésus se révèle lorsque, dans son humanité, il se montre le plus fragile, spécialement dans l’Incarnation et sur la Croix. C’est ainsi que Dieu manifeste son amour, se faisant serviteur, se donnant à nous. N’est-ce pas là un Mystère extraordinaire, parfois difficile à admettre ? L’apôtre Pierre lui-même ne l’a compris que plus tard.

Marcher dans la présence de Dieu, c’est savoir que nous sommes accompagnés par ceux qui nous aiment d’un amour éternel. C’est pourquoi le prophète Isaïe dit, en se souvenant de la confiance en Dieu : « Le Seigneur Dieu est mon aide, c’est pourquoi je n’ai pas laissé mon esprit se décourager ».

Jésus qui nous a sauvés nous invite à marcher à sa suite, à entrer dans sa victoire qui sauve l’humanité, dans le plus grand amour de Dieu. Amen.

Fr. Jean Cassien